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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 16:51
Tchad: Interview du Candidat du PLD à la présidentielle, Dr Mahamat Ahmad Alhabo au micro de Christophe Babouvier ( RFI)

Au Tchad, 8 ans après l'enlèvement et la disparition du n°1 de l'opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh, son parti, le PLD - le Parti pour les libertés et le développement - redescend dans l'arène politique et présente un candidat à la présidentielle du 10 avril 2016. Il s'agit de l'ancien ministre et ancien ambassadeur Mahamat Ahmad Alhabo. Au lendemain de la journée ville morte observée par de nombreux citadins du Tchad, l'opposant Alhabo répond, depuis Ndjamena, aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Mahamat Ahmad Alhabo, c’est la première fois que vous vous portez candidat à la présidentielle. Pourquoi cette démarche ?

Mahamat Ahmad Alhabo : C’est mon parti, le PLD, le Parti pour les Libertés et le Développement, qui m’a investi candidat. Comme vous le savez, notre secrétaire général a été enlevé en février 2008 et depuis lors nous avons arrêté de participer aux élections présidentielles. Maintenant le parti a pris la décision d’y participer et j’ai été investi par mon parti.

Voulez-vous dire que votre démarche s’inscrit dans la continuité du combat politique que menait Ibni Oumar Mahamat Saleh jusqu’à son enlèvement par des militaires en février 2008 ?

Exact. Si aujourd’hui Ibni pouvait nous voir et nous entendre de là où il est, il serait certainement d’accord que son parti, le parti qu’on a créé tous ensemble, puisse [participer à la compétition].

En fait c’est la première fois que le PLD d’Ibni Oumar présente un nouveau candidat.

Oui, exact. Depuis sa disparition c’est la première fois.

Vous vous présentez comme un opposant, mais un opposant contre quoi exactement ?

Nous nous opposons à la politique que le président Deby et le pouvoir MPS [parti présidentiel NDLR] mènent depuis vingt-cinq ans au Tchad. Nous sommes vraiment contre l’injustice sociale, la mal-gouvernance et surtout la répression que mène le gouvernement. Vous savez qu’à la suite du viol collectif de la jeune Zouhoura, les jeunes du Tchad dans toutes les grandes villes du pays ont manifesté. Et à cette occasion, malheureusement, le jeune Hassan Abachou à Ndjamena et le jeune Mahamat Mounir à Faya Largeau ont été assassinés.

Dans quelles circonstances ?

Pendant la manifestation les forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles sur des jeunes manifestants pacifiques et désarmés.

Hier, la journée ville-morte lancée par l’opposition semble avoir été plutôt bien suivie, mais est-ce que vous pensez que ça suffira pour gagner le 10 avril prochain ?

Vous savez, ce qui s’est passé hier est quelque chose d’historique. Pour la première fois sur l’ensemble du territoire national une ville-morte a été observée, suite à la demande lancée par la plateforme ’Ça suffit’. Avec votre permission, je voudrais rendre hommage à la plateforme et à ses dirigeants parce que leur mot d’ordre a été largement suivi. Ils ont gagné leur pari.

Vous dénoncez le régime autoritaire du président Deby, mais celui-ci vient d’annoncer que s’il était réélu en avril prochain il ferait réintroduire dans la Constitution la règle des deux mandats maximum. Est-ce que ce n’est pas de nature à vous satisfaire ?

Non, pas du tout. J’étais participant actif à la Conférence nationale souveraine et la conférence a défini les grandes lignes de la Constitution que nous avons adoptée en 1996, par référendum. Monsieur Deby a fait sauter le verrou des deux mandats. Il est resté vingt-cinq ans au pouvoir et il voudrait encore rester dix ans au pouvoir parce que la loi ne sera pas rétroactive ! Et donc il est en train de vendre de la chimère aux Tchadiens ! Les Tchadiens ne croient plus à cela ! C’est terminé ça, c’est fini !

Et le projet d’une République fédérale du Tchad comme le propose Idriss Deby ?

Mais c’est du pipeau ! Parce que pendant la Conférence nationale souveraine, tous, nous avons convenu de mettre en place un régime fortement décentralisé. La forte décentralisation on ne l’a jamais fait, sans avoir fait une décentralisation il voudrait sauter le pas pour aller à une fédération. Ça c’est du pipeau !

En vue de ce premier tour du 10 avril il y a déjà beaucoup de candidats face au sortant Idriss Deby. On pense au chef de file de l’opposition Saleh Kebzabo, aux anciens Premiers-ministres Kassiré Coumakoye et Joseph Djimrangar Dadnadji, à l’ancien ministre des Affaires étrangères Tidjane Thiam, au député et ancien ministre Gali Ngoté Gatta, au maire de Moundou, Laoukein Médard, au Conseiller, Malloum Yobodé… Est-ce que vos divisions ne vont pas faire le jeu du pouvoir ?

Peut-être, mais cette fois-ci nous sommes assez sûrs que le président Déby ne passera pas s’il maintient sa candidature. Il ne sera même pas candidat au second tour. D’ailleurs, je voudrais dire que le président Deby n’a jamais gagné une élection ! C’est par la fraude et la répression qu’il s’est maintenu. Mais cette fois-ci la population n’acceptera plus que le vote du 10 avril 2016 soit détourné ou soit volé par le pouvoir.

Et vous pensez que cette fois-ci il n’y aura pas de fraude ?

Il y aura tentative de fraude. Mais tous ceux qui se sont soulevés pour affronter le pouvoir ces derniers jours, toute la population qui a observé la ville-morte hier, toute cette population-là n’acceptera plus que les choses se passent comme par le passé.

Mahamat Ahmad Alhabo, vous avez occupé des postes très importants sous le régime d’Idriss Déby. Vous avez été tour à tour porte-parole du gouvernement, ministre des Finances, ministre de l’Education, de la Santé. Vous avez été aussi l’ambassadeur du Tchad à Paris. Est-ce que vous êtes aujourd’hui un opposant crédible ?

Oui, je le pense fortement parce que depuis 2001 j’ai démissionné de mes fonctions ministérielles. Et je voudrais demander au président Deby de retirer sa candidature de l’élection présidentielle du 10 avril 2016. Je pense que ce qu’il n’a pas pu faire en vingt-cinq ans, il ne le fera pas dans cinq ans. Si le président Déby choisissait un autre candidat pour favoriser l’alternance, ce serait une très bonne chose. En favorisant une alternance paisible et pacifique peut-être que la patrie sera reconnaissante à Deby.

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