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Tchad, Berceau De L'humanité

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 15:33

Une fois de plus les « rebelles de l’Est », comme les appellent affectueusement les médias français, ont pris une douloureuse « raclée » aux environs d’Am-Zoër. C’est leur intime ennemi Idriss Déby, passé maître dans l’art de l’ironie, qui l’a clamé haut et fort à la télé tchadienne.

Une fois de plus ! Mais cette fois-ci, « l’aventure » guerrière a été stoppée net après seulement quelques kilomètres d’égarements en territoires provisoirement conquis sans véritable résistance de la part de « l’ennemi ». 

L’on se souvient qu’en avril 2006, le FUC de Mahamat Nour Abdelkérim a fait plus de 800 kilomètres en pick-up pour affronter Déby à N’Djamena, lequel l’y attendait disait-il pour lui servir un « 
café croissant chaud ». Les records, dit-on, sont  faits pour être battus. En février 2008, la CMU de Nouri, Erdimi et Makaye a réalisé un parcours identique à celui du FUC. Mais à la différence de ce dernier, la CMU a réussi le double exploit de venir affronterDéby à N’Djamena et de le contraindre à se terrer dans son bunker durant 5 jours, abandonnant son peuple à la merci du premier venu. Un exploit qui restera sans doute dans les annales puisque la dernière tentative des forces de l’ensemble UFCD/UFDD-F/AN s’est soldée par un échec cuisant à cent mille lieues de la capitale.

La déroute a été telle que les responsables de l’Alliance Nationale se sont précipités à faire offre de négociation avec le gouvernement en alléguant de leur volonté d’ « 
épargner la vie des Tchadiens ».  Cette déclaration a fait naturellement bondir plus d’un. La négociation suppose un équilibre des forces en présence ; ce qui est loin d’être le cas en l’espèce puisque tant le général Nouri que Dr Ali Gadaye ont commis l’imprudence d’affirmer publiquement avoir essuyé des « pertes notables ». La réponse de Déby a logiquement été des plus cinglantes : « Il n'est pas question de négocier d’autres accords ». L’accord signé à Syrte est « à prendre ou à laisser », a ainsi décidé le chef de l’Etat conforté dans sa position de « gagnant » par l’incongrue déclaration de ses ennemis de l’Est.

« Jamais deux sans trois » dit le dicton. Trois fois les rebelles ont mené des raids de grande envergure. Trois fois ils ont échoué. Et comme toujours, le bouc émissaire est le même : la France, amie de Déby, qui fournit « légalement » au dictateur tous les renseignements militaires sur les déplacements de l’ennemi. En février 2008, elle aurait même participé aux combats dans la capitale en prenant préalablement soin d’évacuer ses ressortissants vers le Gabon. En avril 2006, elle a tiré un coup de semonce, tuant ainsi le CEMGA du FUC aux portes de N’Djamena. Mais lors des derniers combats, ce sont les représentants des rebelles eux-mêmes qui ont naïvement renseigné Idriss Déby sur leurs positions exactes et leurs intentions.

 

L'urgence d'une redéfinition de politique générale

La France demeure ainsi l'un des principaux obstacles au renversement d’Idriss Déby par la rébellion. Alors, que faut-il faire ? Les choix sont limités. La démarche préalable qui s’impose est celle de la prise de conscience qu’une redéfinition profonde de la stratégie politique des rebelles est impérative. Il n’est pas nécessaire de perdre du temps et d’énergie à essayer de rassembler les différents mouvements réticents au sein d’une même coalition avec l’illusion qu’ainsi les forces seront décuplées pour renverser le tyran. Même avec une poignée d’hommes, on voit bien qu’Idriss Déby
  réussit à faire face à plus important que lui numériquement. On doit y voir la "main de Dieu" ? Non, simplement, l'essentiel du travail est fait par ses soutiens français et américains qui sensibilisent la communauté internationale à s'opposer à toute tentative de déstabilisation d'un "chef d'état légitime" par des "mercenaires à la solde du Soudan".


S’ils veulent réussir à inquiéter sérieusement Idriss Déby, les responsables de la rébellion ne doivent donc plus se limiter à désigner des « porte-parole » en France et en Amérique pour dénoncer le soutien de la France ou des USA à Déby. Ils doivent, bien au contraire, confier à leurs représentants extérieurs des missions de lobbying auprès des puissances militaires que sont la France et les Etats-Unis avec pour objectifs de convaincre ces Etats de la capacité de Tollimi, Nouri, Erdimi, Adouma, Soubiane ou Makaye de diriger le Tchad aussi bien sinon mieux que Déby.

Ceux qui ont suivi les interventions télévisées (France 24) des représentants de l’UFDD/UDC ont bien constaté qu’à la question posée par Vanessa Burgrraf de savoir si ces représentants avaient des contacts avec les autorités françaises, la réponse a été systématiquement négative. Pourtant, une telle question n’est pas anodine.  Les contacts avec ceux qui ont de l’influence sur la politique tchadienne sont déterminants de la crédibilité de la rébellion. Les chefs doivent y penser sérieusement au risque de passer pour des « aventuriers sans projets politiques ». Leurs représentants étant excellents dans la « dénonciation » de la France, il n’est pas exclu qu’ils le soient également dans le marketing de la rébellion auprès de cette France qui n’attend que d’être séduite et convaincue. Le Soudan seul ne suffit pas. À méditer pour se sortir la tête du sable.

L.A 

Source : Lyadish 

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