Les violences deviennent de plus en plus permanentes dans notre pays. Progressivement, la tyrannie s’installe.
Les assassinats politiques se banalisent. Dans l’espoir illusoire de se protéger contre cette tyrannie, certains ont cru devoir recréer le culte de la
personnalité en adulant de façon grossière et excessive un homme dont la méchanceté naturelle rend quasiment insensible à la douleur humaine. L’éloge panégyrique devient la seule façon de parler
du chef vénéré. Les membres des « groupes chocs » se recrutent désormais dans la réserve de minuscules chefs de partis, ministres et anciens ministres désirant, toute honte bue, servir
avec amour et fidélité le Saint père de la démocratie à l’odeur de cadavres dont la seule évocation est plus éloquente que tous les plus beaux discours politiques de propagande de tous les
temps.
De l’aveu même de ses proches (les idiots
doivent comprendre proches en politique) sous couvert d’anonymat, Idriss Déby n’est pas prêt à quitter le pouvoir ni par les voix issues des urnes ni par la voie des armes. Outre
sa propre détermination à ne rien lâcher, ses godillots se prosternent devant lui et emploient ce qui leur reste d’énergie pour l’aider à se maintenir au sommet. Il faut bien évidemment être
bouché à l’émeri pour nier cette réalité. L’autocrate du palais rose n’a pas procédé au casse de la Constitution pour la beauté du geste. Il s’est fait « réélire » après 16 ans de bilan
infiniment négatif et sans égard pour la souveraineté populaire dont il aime pourtant se targuer devant les puissantes institutions financières internationales pour s’approprier l’argent de
l’Etat.
Observez que la récente activité intensive au niveau du
MPS n’est pas déployée dans l’intérêt d’un autre candidat du parti-Etat en vue de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu dans seulement un peu plus de 2 ans jour pour jour. C’est
Idriss Déby lui-même qui annonce sa candidature, indécent bras d'honneur à ceux qui lui souhaitent tous les malheurs du monde avant 2011. L’utilisation de l’essentiel des revenus du pétrole à
l’achat d’armes de guerre pour combattre la rébellion pendant que le pays s’enfonce dans la misère conforte sans aucun doute les soupçons de la volonté débyenne de s’éterniser au pouvoir à
l’instar de ses amis Bongo, Biya, Nguéma, Nguesso, Al-Bachir.
Face à toute cette entreprise de négation même
de la dignité du peuple qui voit son honneur bafoué par un homme méchant de méchanceté extrême se délectant de la soumission de ses compatriotes, il faut bien que quelqu’un se révolte pour
l’empêcher de continuer à nuire dans l’impunité totale. C’est ce que font les Tchadiens qui sont partis à l’Est et qui, depuis lors, le harcèlent sans cesse et promettent de finir par avoir sa
peau. Ils finiront par l’avoir sans doute un jour, mais en attendant, il est souhaitable de pacifier les relations entre Tchadiens de toutes les couches socio-politiques en exploitant les
solutions que propose la Commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif.
On ironise volontiers sur les capacités de cette
Commission à réussir là où ont échoué les « ulémas » de la politique tchadienne. Il faudrait aussi peut-être se poser la question de savoir si ces chevronnés de la crise tchadienne se
sont vraiment donné la volonté de réussir ensemble à construire quelque chose de positif dans l’intérêt du peuple tchadien qui a fini par ne plus croire en ses dirigeants. Les beaux esprits vont
encore sourire. Pourtant, l’heure est grave et ainsi, seul le dialogue sans calcul politicien est à même de ressouder les Tchadiens et de redonner un nouveau souffle à la vie politique. Ibni
Oumar Mahamat Saleh est mort selon certains. La mort cet homme ainsi que celle de ceux qui ont combattu armes à la main doivent faire prendre conscience à tous ceux qui aspirent à la démocratie
que le dialogue peut pérenniser les idéaux défendus. Idriss Déby mourra un jour. Si lui-même et se opposants refusent le dialogue maintenant, la tyrannie et les guerre survivront sans doute au
tyran. Conséquences: ceux qui refusent de dialoguer aujourd’hui ne dialogueront pas demain. Une logique toute banale.
Lyadish Ahmed