Le traditionnel défilé militaire du 14-Juillet, lundi sur les Champs-Elysées à Paris, est placé sous le signe des Nations unies avec leur secrétaire général Ban Ki-moon comme invité d'honneur. Mais ce défilé intervient aussi cette année sur fond de polémique avec la présence dans la tribune officielle du Syrien Bachar el-Assad et dans un climat tendu par les restructurations de la carte militaire.
La cérémonie, sauf conditions météo contraires, doit débuter par le passage, à 10h45, de neuf "Alpha Jet" de la patrouille de France, suivis de 56 appareils de l'Armée de l'air et de l'aéronautique navale, dont six aéronefs membres de l'Union européenne.
Précédé par l'emblème de l'ONU (un planisphère entouré de deux branches d'olivier stylisées) un détachement de soldats français de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) et de Casques bleus déployés en Méditerranée (Liban, Golan, Chypre) ouvrira ensuite le défilé des troupes à pied. En clôture de la revue militaire, vers midi, sept parachutistes de l'équipe de France militaire sauteront d'un hélicoptère pour atterrir sur la place de la Concorde.
C'est là qu'est installée la tribune officielle, dans laquelle Bachar el-Assad sera présent, comme le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert.
De la quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement présents pour le sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée dimanche, seuls six manqueront à l'appel, dont l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Tunisien Zine el Abidine Ben Ali et les représentants de la Belgique, du Luxembourg, de la République tchèque et de la Slovaquie. La présence du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan restait incertaine dimanche soir, selon l'Elysée.
La présence de Bachar el-Assad le 14-Juillet est très critiquée en France et au Liban, notamment en raison de la situation des droits de l'Homme en Syrie et des soupçons qui pèsent sur l'implication de Damas dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005. D'anciens casques bleus ont également dénoncé l'atteinte à la mémoire des 58 soldats français tués en octobre 1983 dans l'attentat de l'immeuble Drakkar à Beyrouth, dans lequel le régime syrien serait impliqué.
Pour le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande, si la présence du président syrien était "normale" au sommet de l'UPM, elle est cependant "inopportune" un 14-Juillet à l'occasion de cette "fête des droits de l'Homme". On ne peut pas y convier un "dictateur", a-t-il souligné dans un entretien au "Journal du Dimanche".
La France "doit être messager de paix" et pour cela "il faut avoir le courage de parler à tous et à tout le monde", a plaidé le président Nicolas Sarkozy en recevant samedi à l'Elysée son homologue syrien. On soulignait par ailleurs dimanche à l'Elysée que présenter Damas comme responsable de l'attentat du "Drakkar" est une "erreur historique". C'est "une polémique qui n'a absolument pas lieu d'être", estimait-on de même source.
Inhabituelle, cette fête nationale l'est également en raison du malaise au sein de l'armée, inquiète des restructurations prévues par le Livre Blanc de la Défense: 54.000 suppressions de postes sont annoncées sur les six ou sept prochaines années et plusieurs dizaines de communes devraient voir partir leur base ou régiment.
La nouvelle carte militaire sera présentée "avant la fin du mois de juillet", a déclaré le ministre de la Défense Hervé Morin au "Journal du Dimanche". Un groupe d'officiers généraux et supérieurs baptisé "Surcouf" avait critiqué le Livre Blanc, jugeant son modèle d'analyse "déficient".
Le malaise a été accentué par les propos de Nicolas Sarkozy sur "l'amateurisme" des militaires après la fusillade de Carcassonne. Lors de ce drame, le 29 juin, un sergent a blessé 17 personnes en confondant, a priori accidentellement, balles réelles et balles à blanc lors d'une démonstration du Groupe de commandos parachutistes (GCP) du 3e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa).
Comme l'an dernier, par ailleurs, Nicolas Sarkozy n'accordera pas de grâce aux détenus à l'occasion du 14-Juillet. Le président de la République, a expliqué la semaine dernière la ministre de la Justice Rachida Dati, préfère "les réductions de peine individuelles" aux grâces collectives traditionnellement accordées par ses prédécesseurs.
Le 14-Juillet, c'est aussi la promotion de l'Ordre de la Légion d'Honneur, dans lequel font notamment leur entrée cet année l'ancienne otage franco-colombienne Ingrid Betancourt et l'humoriste Dany Boon, réalisateur du plus grand succès de tous les temps du cinéma français, "Bienvenue chez les Ch'tis". Ingrid Betancourt sera décorée en personne par le président Sarkozy, qui avait mis fin l'an dernier à la tradition de l'interview présidentielle du 14-Juillet.
Après la garden party de l'Elysée, les festivités se clôtureront dans la soirée par un grand concert gratuit au Champ-de-Mars à Paris, mettant à l'honneur les grands classiques du répertoire français interprétée par huit artistes de la nouvelle génération (Jenifer, Raphaël, Rose, Amel Bent, Louisy Joseph, Stanislas, Pauline, et Christophe Maé), avant le traditionnel feu d'artifice au Trocadéro. AP