"Le peuple soudanais est traditionnellement très hospitalier et
la nouvelle de ces accusations contre le président a suscité l'indignation. Les Soudanais se sentent offensés", a dit une source contactée à Khartoum par la MISNA pour décrire l'atmosphère qui
règne dans la capitale soudanaise suite à la demande d'incrimination du président Omar El-Béchir par Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale de La Haye, pour génocide
et crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour.
"Aujourd'hui, il y a eu des manifestations, toutes pacifiques – a poursuivi notre source, qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité –, et les gens se demandaient quelles accusations
pouvaient être émises à l'encontre de leur gouvernement après qu'il a laissé entrer des observateurs et agents humanitaires des Nations Unies et d'autres organismes".
Si les associations des droits de l'homme ont accueilli favorablement la demande d'un mandat d'arrêt contre M. El-Béchir – "première étape", selon certains, pour élucider les crimes commis dans
la région occidentale où sévit depuis cinq ans un violent conflit interne –, craintes et préoccupations ont été néanmoins exprimées par plusieurs organismes, comme l'Union africaine (UA), qui a
sollicité la Cpi de "revenir sur sa décision tant que les principaux problèmes n'auront pas été résolus au Darfour et au Sud-Soudan". Si M. El-Béchir est arrêté, "il va y avoir un vide du pouvoir
au Soudan et cela ouvrirait la voie à des coups d'État militaires et à une anarchie généralisée – a mis en garde Bernard Membe, ministre des Affaires étrangères de la Tanzanie, parlant au nom du
président Jakaya Kikwete, président en exercice de l'UA –, (…) outre le fait que la crise entre le Tchad et le Soudan s'aggraverait".
Réuni en session extraordinaire à Addis-Abeba, l'organisme a annoncé qu'il détacherait un représentant à Khartoum dès la nuit de lundi. L'organisation de la Conférence islamique (Oic) a elle
aussi exprimé sa "profonde inquiétude" au sujet de la situation, formulant par ailleurs sa surprise quant au fait que la Cpi, "souvent silencieuse sur les atrocités commises dans diverses parties
du monde, comme en Palestine par exemple, trouve à présent opportun de soulever une question qui risque de précipiter le Soudan et toute la région dans le chaos". (ADL/CN)