Khartoum -- Le président soudanais Omar Hassan al
Bachir a affirmé hier que le Soudan ne coopérerait jamais avec la Cour pénale internationale (CPI) dont le procureur l'a inculpé de génocide au Darfour.
S'exprimant devant des dirigeants syndicaux arabes, africains et asiatiques réunis à Khartoum, Bachir a soutenu que la CPI
agissait dans un souci néo-colonialiste de protection des intérêts des pays développés. «Notre position est ferme [...] il n'y aura aucune coopération avec la prétendue Cour pénale
internationale», a assuré Bachir sous les applaudissements.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a demandé au tribunal de délivrer son premier mandat d'arrêt concernant un chef d'État en exercice. Il affirme que l'appareil d'État soudanais
est directement responsable de la mort d'au moins 35 000 personnes tuées dans la région soudanaise du Darfour et de la mort d'au moins 100 000 autres qui ont succombé à la faim et aux
maladies.
L'an dernier, la CPI avait lancé deux mandats d'arrêt à l'encontre d'un secrétaire d'État et d'un chef de milice accusés de crime de guerre. Khartoum a refusé de les livrer et ils n'ont pas été
jugés par des tribunaux soudanais.
Les puissances régionales ont critiqué l'inculpation de Bachir en disant qu'elle menacerait le fragile processus de paix lancé au Soudan, en proie à des troubles civils depuis 1955.
Le Mouvement des Non-Alignés, l'Union africaine et la Ligue arabe ont tous exprimé leur soutien à Bachir, mais le président ougandais Yoweri Museveni a estimé samedi que l'UA devrait prendre des
mesures pour régler le problème au Darfour plutôt que de critiquer l'inculpation.
«La position adéquate de la part de l'UA devrait dès lors être d'enquêter nous-mêmes», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Des responsables de l'UA se sont dans le passé inquiétés de ce
que les quatre premiers cas sur lesquels la CPI s'est penchée portent tous sur des conflits en Afrique.
Bachir a souligné que les États-Unis commettent chaque jour des crimes en Irak et en Afghanistan et qu'ils devraient rendre des comptes pour les bombes atomiques larguées sur le Japon en
1945.
«Ces superpuissances coloniales livrent une campagne ciblée contre notre pays», a-t-il dit.