
"J'ai décidé de ne plus intervenir dans les affaires de l'Etat", a déclaré Seif Al-Islam mercredi soir dans un discours devant des milliers de jeunes sympathisants dans la ville de Sebha, à 800
km au sud de Tripoli.
Régulièrement présenté comme le successeur de son père, mais jusqu'ici sans fonction officielle, Seif Al-Islam a indiqué "qu'en l'absence d'institutions et de cadre administratif", il était
"obligé d'intervenir".
"Oui, je suis intervenu dans tous les dossiers, a-t-il reconnu, dans les affaires extérieures comme en ce qui concerne, en Libye, le développement, l'habitat, la planification urbaine, etc."
Il a affirmé avoir réglé les problèmes de la Libye sur les plans intérieur et extérieur, évoquant notamment l'affaire des infirmières bulgares, libérées en juillet 2007 après plus de huit ans en
prison, et plus récemment celle de l'indemnisation des victimes américaines de l'attentat de Lockerbie (Ecosse), qui avait fait 270 morts en 1988.
"J'ai réalisé mon programme. Le train des réformes est actuellement sur les rails", a-t-il dit.
"Je n'ai plus de grandes batailles à mener et ma situation devient embarrassante", a ajouté Seif Al-Islam. "La situation a changé. Si (je) continue, il y aura un problème".
Seif Al-Islam n'a pas précisé ses projets futurs, mais quelques jours auparavant, dans une interview au journal russe Kommersant, publiée par la presse libyenne, il avait affirmé "qu'il se
consacrerait désormais au développement de la société civile et de l'économie en Libye ainsi qu'à l'action caritative".
Pour Mahmoud Boussifi, rédacteur en chef des journaux Oya et Qurina, créés à l'initiative du fils du "Guide", le retrait de Seif, est "le résultat de son mécontentement devant la bureaucratie
libyenne qui ralentit le rythme de ses réformes".
"Il est jeune et il espérait faire rapidement de grands pas mais il s'est heurté à cette bureaucratie à laquelle il ne s'attendait pas", a-t-il estimé.
"Je pense qu'il s'agit plutôt d'un retrait momentané présageant une nouvelle étape destinée à concevoir de nouveau sa présence sur la scène politique et à se faire une légitimité qu'il pourrait
trouver à travers la société civile", a noté de son côté un observateur libyen sous couvert de l'anonymat.
Mercredi soir, Seif Al-Islam, 36 ans, a appelé à la construction d'une "société civile forte" capable de participer à la prise de décision et à même de constituer une force de dissuasion à tout
dérapage au sommet de l'Etat.
A l'exception de la puissante Fondation Kadhafi de Seif Al-Islam, la société civile est quasi-inexistante en Libye. Deux ONG, l'Association pour la justice et les droits de l'Homme et le Centre
pour la démocratie, ont récemment été interdites.
Seif Al-Islam a précisé que le processus de réformes qu'il défendait n'était pas en contradiction avec la théorie de son père qui prône le "pouvoir du peuple", à travers la "démocratie
directe".
Il a expliqué que son projet de "contrat social" qui fera office de constitution, "protègera le pouvoir du peuple" et "organisera la vie de tous les Libyens", tout en rappelant que son père
demeurait une "ligne rouge".
Il a indiqué que ce "contrat" doit comporter une "loi spéciale Mouammar Kadhafi", garantissant que le pouvoir et les prérogatives du "Guide" ne pourraient jamais être "ni transmissibles ni
hérités".
Seif Al-Islam a fustigé enfin "une forêt de dictatures" au Proche-Orient et en Afrique du Nord, où les "Parlements sont imaginaires" et où la constitution est piétinée pour maintenir les
dirigeants au pouvoir, affirmant par contre que son pays allait devenir dans quelques années un "modèle" à suivre dans la région.
Publié le 21 août 2008.
Source: http://insidethegulf.com/