LIBREVILLE - Le rapport de la commission
d'enquête sur les événements survenus au cours de l'attaque de rebelles tchadiens sur N'Djamena début février devrait être rendu public cette semaine, a appris l'AFP de sources concordantes et
alors que l'opposition s'impatiente.
Le rapport, remis par la commission le 5 août au président tchadien Idriss Deby Itno, devrait être rendu public "d'ici trois ou quatre jours", selon une source proche de la commission et "probablement cette semaine" selon une source proche du gouvernement, toutes deux jointes depuis Libreville.
"Le gouvernement a fait main basse dessus. Il a dit qu'il allait rendre le rapport public, qu'il ferait part des modalités d'application des conclusions, et il n'y a rien de tout ça", souligne Saleh Kebzabo, figure de l'opposition tchadienne, député et président de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR).
"Je pense qu'on finira par savoir ce qu'il y a dans le rapport mais on ne comprend pas pourquoi ça met autant de temps pour qu'il soit rendu public", ajoute M. Kebzabo, également porte-parole adjoint de la Coordination des partis pour la défense de la Constitution (CPDC), dont le porte-parole reste Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu depuis le 3 février, dans le sillage du raid de la rébellion sur N'Djamena.
Le cousin d'Ibni Oumar, Moussa Mahamat Saleh, s'interroge également: "Il paraît qu'ils sont en train de traduire le document en arabe... C'est long, très long. Qu'y a-t-il à l'intérieur du rapport. Qui a a donné les ordres? Qui a arrêté Ibni Oumar sans mandat d'amener? Pourquoi?"
"C'est une source d'inquiétude pour la famille et pour le Tchad tout entier. Nous ne savons toujours pas s'il est vivant ou mort", conclut-il.
De nombreux observateurs et dirigeants tchadiens estiment en privé que M. Ibni est mort, sans vouloir en faire état publiquement par respect pour la famille. Le rapport, qui porte sur les événements de l'attaque rebelle qui a failli renverser le pouvoir, devrait théoriquement faire la lumière sur la disparition de l'opposant.
De son côté, l'ancien président tchadien Lol Mahamat Choua, et également une des principales figures de l'opposition, a estimé qu'il fallait "attendre avant de réagir".
Président du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP), il avait été arrêté le même jour et dans les mêmes conditions qu'Ibni Oumar Saleh. Porté disparu pendant quelques jours après avoir été emprisonné, il avait retrouvé la liberté.
De nombreux opposants estiment que la commission n'apporterait toutefois pas ou peu de réponses aux zones d'ombre.
La commission d'enquête avait vu le jour à la demande du président français Nicolas Sarkozy lors de sa visite éclair mais controversée à N'Djamena fin février. Une première mouture dirigée par le président de l'Assemblée nationale, Nassour Ouaïdou, un proche de M. Deby, avait été critiquée avant qu'une deuxième commission ne soit créée le 2 avril.
Elle est présidée par le bâtonnier de l'ordre des avocats Allaisem Djaïbé et compte comme membres plusieurs autres figures de la société comme Hélène Lambatim, présidente de l'association des femmes juristes ou Massalbaye Tenebaye, président de la Ligue tchadienne des Droits de l'Homme.
(©AFP / 01 septembre 2008 18h33)