Les parlementaires s'apprêtent à élire samedi à la présidence du Pakistan le controversé et impopulaire Asif Ali Zardari, veuf de l'ex-leader de
l'opposition Benazir Bhutto. Portrait.
Les Pakistanais l'avaient surnommé "Monsieur 10 pour cent". Asif Zardari, l'époux de l'ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto, assassinée en décembre 2007, devrait sauf surprise être élu samedi à la tête de l'Etat pakistanais par le Parlement et les quatre assemblées provinciales du pays. Sa formation, le Parti du peuple pakistanais (PPP) dispose en effet de la majorité dans ces assemblées depuis les élections du 18 février.
L'homme n'en demeure pas moins un personnage controversée. Et nombre d'éditorialistes pakistanais s'interroge sur sa capacité à redresser la
barre alors que le pays connaît de graves difficultés économiques et que les attentats y en fait près de 12 000 morts en un an. L'homme de la rue lui reproche déjà d'être pro-américain, alors que
les Etats Unis viennent de lancer ouvertement un raid contre Al Qaeda dans les zones tribales pakistanaises, à partir de l'Afghanistan.
Benazir Bhutto avait épousé Asif Zardari, originaire, comme elle, d'une grande famille du Sindh (sud-est du Pakistan), en 1987. Devenue Premier ministre, dans les années 1990, elle l'avait nommé
ministre des investissements. Une décision qui revenait à "placer Dracula à la tête d'une banque de sang" ironisera, quelques années plus tard, un témoin, lorsque Zardari comparaîtra pour
corruption. Soupçonné notamment d'avoir prélevé des commissions sur les marchés publics à l'étranger, il a passé 11 ans en prison avant de rejoindre sa famille en exil.
Amnistié l'an dernier, en même temps que Benazir Bhutto, par la Cour suprême d'Islamabad, aux termes d'un arrangement négocié avec Pervez Moucharraf, il n'est rentré au Pakistan qu'après l'assassinat de son épouse. Il est alors devenu le véritable patron du (PPP) dont la présidence a été formellement confiée au fils unique du couple, Bilawal (19 ans). Puis celui du pays, après les élections de février.
S'il est élu samedi, Azif Zardari héritera des larges prérogatives que s'était attribuées son prédécesseur à coups d'amendements
constitutionnels. Mais il devra compter avec l'armée. Véritables maîtres du pays depuis l'indépendance, les militaires apprécient peu sa volonté affichée de s'immiscer dans leur "domaine
réservé", à commencer par la lutte contre les jihadistes et le terrorisme.