Le premier procès en France d'un
employé de l'Onu soupçonné de viols sur mineures lors de missions à l'étranger, en l'occurrence en Centrafrique et en République démocratique du Congo, s'est ouvert devant la cour d'assises de
Paris.
Didier Bourguet, 44 ans, qui fut à partir de 1994 mécanicien
automobile pour l'organisation internationale dans plusieurs pays successifs, est accusé d'avoir fait une vingtaine de victimes en République centrafricaine entre 1998 et 2001, et en 2001-2004 au
Congo.
Poursuivi pour viols sur mineures, corruption de mineurs et détention d'images pornographiques, il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Ce procès doit durer jusqu'à jeudi. Une victime présumée, âgée aujourd'hui de 16 ans, est présente à l'audience, ce qui est une autre "première" dans une affaire de ce type.
En 2004, les Services d'investigation internes de l'Onu (OIOS) avaient dit dans un rapport qu'ils étudiaient 72 dossiers de viols ou d'infractions sexuelles imputés à des civils et des militaires de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo). Il était question de "sentiment d'impunité".
L'organisation internationale est confrontée à ces problèmes dans d'autres pays frappés par la misère et par la guerre où ses personnels sont implantés.
A l'ouverture de l'audience, Didier Bourguet a déclaré à la cour qu'il admettait avoir eu des relations sexuelles avec des jeunes filles mais qu'elles étaient consentantes. "Je reconnais les relations sexuelles et la pornographie mais pas les viols", a-t-il dit.
L'enquête de police menée de France à partir de son incarcération en octobre 2004 a permis la découverte dans son ordinateur de nombreuses photos et vidéos sexuelles le mettant en scène avec de très jeunes filles, ainsi que des images pédopornographiques.
Lors de ses interrogatoires de police, l'accusé a admis être entré en contact avec ces jeunes filles par des intermédiaires rémunérés. Il payait les jeunes filles 10 à 20 dollars.
Son avocat Claude Debossere-Leridi a dit à la presse qu'il entendait faire valoir qu'aucun état civil ni aucune expertise n'avait permis d'établir la minorité des jeunes filles. Il a aussi fait remarquer que trois seulement d'entre elles avaient pu être identifiées, les autres demeurant inconnues.
Thierry Lévêque, édité par Pascal Liétout
Source : http://www.lepoint.fr/actualites