Jeudi 18 septembre, des rebelles de la faction de l'Armée de libération du Soudan (SLA) se réclamant d'Abdel Wahid Al-Nour, ex-président du SLA en exil en France, ont signalé une nouvelle attaque à une centaine de kilomètres au nord d'Al-Fasher, capitale du Nord-Darfour. Les rebelles dirigés par Suleiman Marjan, l'un des commandants de la SLA, affirment avoir tué 21soldats, bilan invérifiable même par la Minuad, la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour, paralysée depuis le début de l'offensive.
Les jours précédents, une attaque similaire a eu lieu dans la région de Tawila, plusieurs fois frappée dans le passé, et où se trouvent environ 100 000 déplacés, des civils qui n'ont jamais voulu, ou jamais pu rejoindre les grands camps installés en zone gouvernementale. Ces civils se trouvent à la merci des tirs menés conjointement par les Antonov, les Mig29 et des hélicoptères d'attaque, qui prennent leur envol, note un témoin, "après la tombée de la nuit", au moment où la Minuad, elle, est interdite de vol par Khartoum.
10 000 HOMMES
Un hôpital, à Khazan Tunjur, a été incendié par les forces gouvernementales, ainsi que de nombreux villages. "Nous ne sommes pas engagés
dans la moindre opération à Khazan Tungur ou à Tawila", a affirmé un porte-parole militaire à Khartoum, avant de poursuivre : "Néanmoins, l'armée soudanaise poursuit sa tâche habituelle
de lutte contre les bandits responsables des attaques de convois humanitaires."
L'offensive, selon une source bien informée à Khartoum, implique 10 000 hommes des forces gouvernementales, qui ont mobilisé à la fois des troupes régulières et des groupes de miliciens dont ceux des Forces de défense populaire, amenés de leurs camps de la région voisine du Kordofan. Parallèlement, à Bir Maza ou à Tawila, plusieurs milliers de combattants rebelles sont présents.
Cette vague de violences, que la Minuad s'est finalement résolue à qualifier d'"attaque généralisée", n'a pas seulement pour but de réduire les rebelles dans la perspective de nouveaux pourparlers supposés se tenir prochainement au Qatar. L'offensive vise aussi à fermer le "couloir" qui permet aux rebelles de circuler entre les régions du Darfour frontalières du Tchad et de la Libye, deux voies d'accès pour leur approvisionnement, et les vastes étendues du Kordofan, porte de Khartoum.
C'est en passant par le Kordofan que les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de Khalil Ibrahim étaient parvenus à attaquer Khartoum, en mai. Leur assaut n'avait été brisé que sur les ponts du Nil. Depuis, le JEM affirme préparer une attaque similaire, et noue des alliances avec d'autres factions.
Bien équipé, bien financé, le mouvement de Khalil Ibrahim attire progressivement des commandants ou des chefs importants d'autres factions en vue d'attaques conjointes. La SLAUnity d'Abdallah Yahia est ainsi engagée officieusement dans des actions militaires communes. Récemment, des commandants de la SLA d'Abdel Wahid ont également uni leurs forces contre l'ennemi commun, de même que des groupes de la faction de Minni Minawi, seul signataire d'un accord de paix avec Khartoum en 2006. Ce dernier s'est enfui de Khartoum depuis trois mois et, depuis le Nord-Darfour, a demandé à ses adjoints, en fin de semaine, de "fermer ses bureaux à la présidence [soudanaise]" et de "confier les clés aux gardes".