Robert Ménard a démissionné de son poste de secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) et déclare qu'il n'exclut pas, entre autres pistes, une reconversion dans la
politique.
Robert Ménard, 55 ans, sera remplacé par Jean-François Julliard, 35 ans, qui travaille pour l'organisation depuis 1998.
"Il y avait des mois que j'y réfléchissais, presque deux ans, mais je voulais mener la campagne sur la Chine jusqu'au bout", a expliqué Robert Ménard à Reuters, précisant qu'il resterait un "simple militant" de RSF.
"Je voulais aussi que la passation de témoin soit un succès. Ma plus belle réussite serait que ça marche mieux demain qu'aujourd'hui", a-t-il ajouté.
"Pour RSF, c'est une bonne décision, même si à titre personnel, elle me serre le coeur. Mais il fallait une équipe plus jeune, différente, avec d'autres personnalités, qui connaissent mieux internet."
Interrogé sur son avenir personnel, il a évoqué plusieurs hypothèses, du retour à son métier d'origine - journaliste - à une entrée en politique, même s'il dit n'avoir "aucun contact" dans ce milieu.
"J'ai quelques idées mais je n'ai honnêtement pas eu le temps de m'en préoccuper. (...) La politique fait partie des options car je ne fais pas partie de ceux qui disent que les tous les hommes politiques sont des pourris."
"AUCUNE LASSITUDE"
Robert Ménard, qui avait fondé RSF en 1985 avec trois autres journalistes avant d'en devenir secrétaire général en 1990, refuse d'évoquer une forme de "lassitude".
"J'ai 55 ans et je vous garantis que je n'ai pas envie de pré-retraite. J'ai aussi entendu dire que j'avais des problèmes de santé, c'est complètement faux."
Il dit avoir pris sa décision "au moment où tout va bien pour Reporters sans frontières. Jamais notre organisation n'a été aussi présente dans le monde, n'a eu une telle notoriété, n'a disposé d'autant de moyens humains et financiers."
Fondée en 1985 à Montpellier avec Emilien Jubineau, Rémi Loury et Jaques Molénat, RSF compte aujourd'hui une quarantaine de permanents, dont une quinzaine à l'étranger.
Concernant son successeur, Jean-François Julliard, Robert Ménard évoque un garçon "aussi robuste physiquement qu'intellectuellement".
"C'est un homme fidèle dans ses engagements, qui connaît très bien RSF. Il est là depuis dix ans et dirige depuis quatre ans l'équipe des chercheurs de l'organisation. Nous sommes très différents mais nous avons tout fait ensemble depuis des années. j'ai une complète confiance en lui."
Robert Ménard doit publier le mois prochain un ouvrage intitulé "Des libertés et autres chinoiseries", dans lequel il revient largement sur la campagne pour les libertés fondamentales en Chine menée en cette année des Jeux olympiques à Pékin.
Clément Dossin, édité par Sophie Louet