La Chine
souhaite que la crise liée à l'accusation de génocide au Darfour lancée par le procureur de la CPI contre le chef de l'Etat soudanais retombe "en douceur", a affirmé dimanche l'envoyé chinois
dans cette région de l'ouest du Soudan en guerre civile.
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) examinent actuellement les preuves présentées en juillet par le procureur, Luis Moreno-Ocampo, pour décider s'ils vont émettre un mandat d'arrêt
international contre le président Omar el-Béchir.
Le Soudan, dont la Chine est l'un des alliés les plus puissants, fait campagne pour geler d'éventuelles procédures de la CPI et convaincre l'Occident qu'il s'efforce sérieusement de trouver une
solution au conflit au Darfour. "Je suis ici pour des consultations avec le gouvernement du Soudan et pour leur donner notre avis et faire quelques suggestions concrètes", a affirmé l'envoyé, Liu
Guijin, arrivé au Soudan après un passage par Londres, Paris et Washington. "J'ai profité de ces opportunités (...) pour avoir des consultations avec nos partenaires là-bas en Occident sur la
manière dont nous pourrions travailler ensemble pour parvenir à une sorte d'atterrissage en douceur de l'accusation", a-t-il ajouté.
M. Liu a affirmé que l'Occident souhaitait voir le Soudan faire plus pour accélérer le déploiement de la force hybride ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) et faire avancer
le processus politique en vue de résoudre un conflit qui dure depuis près de six ans. "Les choses vont dans une bonne direction".
Il a loué le Soudan pour sa coopération dans le déploiement de la mission de paix et sa volonté à reprendre les pourparlers politiques, ajoutant que les autres "forces politiques" devaient elles
aussi accepter de s'asseoir à la table des négociations.
Des responsables de l'ONU ont
également fait état de l'amélioration considérable de la coopération du gouvernement soudanais dans ce domaine. Khartoum a longtemps été accusé de faire obstacle à un déploiement complet de la
Minuad. M.
Liu a en outre appuyé la nomination par le Soudan d'un procureur spécial chargé d'enquêter sur les atrocités commises au Darfour, un geste vivement critiqué par les militants des droits de
l'Homme à l'étranger.
"La communauté internationale en général (...) doit adopter une perspective équilibrée sur la question (du) Darfour", a-t-il affirmé. "Nous espérons que l'accusation (portée par le
procureur) de la CPI puisse avoir une sorte d'atterrissage en douceur afin que le processus politique puisse se poursuivre et que la situation humanitaire et sécuritaire s'améliore", a-t-il
affirmé.
La Chine, investisseur majeur et premier client du pétrole soudanais, est régulièrement accusée de fournir des armes au Soudan et de ne pas intervenir suffisamment auprès de Khartoum pour mettre fin aux violences. Le conflit au Darfour a fait jusqu'à 300.000 morts depuis 2003, selon l'ONU, quelque 10.000 selon Khartoum.