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Tchad, Berceau De L'humanité

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 11:41

Tout laisse à penser que les dix otages retenus à Bakassi ont été relâchés en échange de la libération de treize détenus camerounais. Le président camerounais Paul Biya aurait demandé à la France de lui laisser la main sur ce dossier.

On joue sur les mots. A en croire la version officielle, l'heureux épilogue de la prise d'otages de Bakassi -dix otages libérés sans effusion de sang le 11 novembre, après douze jours de captivité- n'a donné lieu ni à "rançon", ni à "marchandage". Tout à fait exact, à condition de se livrer, comme le veut la loi du genre, à quelques contorsions sémantiques. Et de considérer, par exemple, qu'un échange de prisonniers n'a rien d'un marchandage; ou que le versement aux ravisseurs d'un quelconque pécule échappe à la logique du donnant-donnant.

Tout indique que les dix captifs-sept Français, un Franco-sénégalais, deux Camerounais et un Tunisien-, enlevés dans la nuit du 30 au 31 octobre à bord d'un navire du groupe Bourbon opérant sur un terminal pétrolier au large de la péninsule de Bakassi, ont été rendus à la liberté  en contrepartie de la libération de treize détenus camerounais, présentés par les ravisseurs comme des pêcheurs dépourvus de papiers en règle.... "Ils m'ont donné leurs prisonniers, je leur ai donné les miens, soutient le 'commandant' Ebi Dari, figure de proue du commando des mystérieux Combattants de la liberté de Bakassi. Tout s'est passé en douceur. Il y avait sur place des officiels camerounais et deux hommes blancs. Un des deux au moins était français."


L'opacité reste, dans ce genre d'affaire, la chose la mieux partagée. Affiliés au Conseil de sécurité et de défense du delta du Niger, nébuleuse d'insurgés active dans une région qualifiée par les experts "d'éponge à pétrole", les Bakassi freedom fighters (BFF) n'ont jamais formulé de revendications explicites, se bornant à exiger de "négocier avec le gouvernement camerounais", auquel ils auraient transmis une "note" au contenu tenu secret à ce stade. Et de fait, après une semaine de silence radio, il y a bien eu tractations, le samedi 8 novembre selon toute vraisemblance, entre un émissaire du président Paul Biya et les BFF. Lesquels ont beaucoup louvoyé: après avoir menacé d'exécuter leurs otages un à un, ils ont "changé d'avis", adoptant un ton bien moins belliqueux.

Une certitude, le chef de l'Etat camerounais a d'emblée tenu à traiter cet imbroglio personnellement, au point de prier la partie française de lui laisser les mains libres, et de tenir à l'écart l'état-major de son armée. L'épisode du kidnapping est en effet survenu en pleine crise de confiance entre Biya et plusieurs officiers supérieurs, sur fond "d'opération Epervier", une offensive anti-corruption lancée par le régime. De même, la puissante société Bourbon, qui avait créé une cellule de crise, aurait été invitée à la retenue. 

Les canaux entre Paris et Yaoundé ne manquent pas

Il faut dire que le sort de la presqu'île de Bakassi est un dossier hautement sensible. Zone de mangrove, cette péninsule d'environ 1000 km2, aux eaux riches en hydrocarbures, a été rétrocédée au Cameroun par le Nigeria le 14 août dernier, après quinze ans d'un contentieux frontalier assorti d'une harassante bataille juridique. Entre arbitrages internationaux, médiations et bruits de bottes, le contrôle de l'enclave misérable, dépourvue de routes, de réseau électrique et de structures sanitaires et scolaires, aura empoisonné les relations entre Yaoundé et Abuja. Cela posé, il serait hasardeux de réduire le rapt à un coup d'éclat sans lendemain de flibustiers modernes. "Ce n'est sans doute pas qu'une affaire d'argent, avance Antoine Glaser, directeur de La Lettre du Continent. Il existe, sur cette presqu'île comme dans le Cameroun anglophone, un véritable irrédentisme."

Secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, Rama Yade a loué "la coopération excellente avec les autorités camerounaises." Quant à Nicolas Sarkozy, il a salué -le mot n'est pas des plus habiles- "l'investissement" de Paul Biya, crédité de "ce dénouement rapide et heureux". De fait, les canaux ne manquent pas entre l'Elysée et le maître du Palais de l'Unité d'Etoudi, à Yaoundé. Lequel, quand il ne rallie pas sa retraite des rives du Lac Léman, séjourne volontiers dans un palace parisien ou, une fois l'an, dans un prestigieux centre de thalassothérapie de La Baule. Les eaux y sont moins troubles et plus vivifiantes que celles de Bakassi.

Source:
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/

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