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Tchad, Berceau De L'humanité

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 15:29

AFRIQUE . L'ONU devait voter lundi l'envoi d'une force internationale au Tchad pour remplacer les 2800 soldats européens. Risque d'un vide dangereux.

Abdelkader Bechir ne se fait pas d'illusions. A l'entrée du camp de Djabal, immense étendue désertique qui offre au regard sa litanie de huttes de paille et d'enclos en branches, ce jeune réfugié du Darfour dessine avec son doigt, dans le tas de graines qu'il tente de vendre sur une bâche de l'US Aid, les routes empruntées par les groupes armés. «Ils arrivent à la nuit tombée par là. Ou bien de ce côté-ci...», poursuit le garçon de 17 ans, désœuvré comme la poignée d'ados assis en tailleur dans ce petit marché de fortune.

Contraintes de calendrier

Le camp de Djabal est l'un des sanctuaires humanitaires approvisionnés par les agences de l'ONU et que l'Eufor, la force européenne déployée depuis avril 2008, est venue «sécuriser». Mais la situation, dans ces régions tchadiennes frontalières du Soudan, demeure délétère. De l'aveu de nombreuses organisations, l'enrôlement forcé des enfants y fait toujours des ravages. «Notre effet dissuasif fonctionne, c'est l'essentiel, nuance le colonel Brennan, chef du bataillon irlandais déployé à Goz Beïda. Le reste n'est pas qu'une affaire de moyens militaires...»

L'enjeu est pourtant crucial. L'UE a fait du déploiement de l'Eufor un symbole de sa capacité à intervenir seule. Et le défi logistique et politique a été relevé: 2800 soldats européens - dont presqu'une moitié de Français déjà positionnés dans ce pays où Paris maintient des troupes - quadrillent ces confins de collines et de déserts contaminés par le conflit du Darfour voisin. L'Irlande, pays neutre habitué des opérations de paix, a pris le commandement de cette mission, limitée par Bruxelles à une année.

Or les contraintes de calendrier menacent aujourd'hui de saper ses effets positifs. Les Nations unies, qui devaient voter lundi à New York une résolution pour remplacer les contingents européens, manquent de troupes et sont perçues comme plus faibles. Le contingent irlandais se dit déjà prêt à travailler sous la bannière onusienne tandis que les Vingt-Sept affirment qu'ils ne prolongeront pas leur mandat: «Au moindre vide, l'insécurité va s'engouffrer», juge un humanitaire à Abéché, la grande ville de l'est, à laquelle l'Eufor a adossé son principal camp.

Spirale de violence

Le bilan de l'Eufor est de plus controversé. Pris en étau entre le gouvernement tchadien d'Idriss Déby, les forces rebelles tchadiennes armées par le Soudan pour déboulonner ce même Déby, et la menace persistante des milices de Khartoum présentes de l'autre côté de la frontière du Darfour, les soldats européens ont surtout évité que la spirale de violence n'aspire cette région sahélienne vers le chaos. Alors qu'au Darfour l'ONU peine à se déployer, un calme relatif s'est installé dans l'est du Tchad, permettant aux Nations unies de former un embryon de force de police chargée de protéger les camps de réfugiés et de déplacés. Sauf que d'autres maux ont surgi, comme le banditisme dirigé contre les humanitaires. Et que personne, de part et d'autre, n'a déposé les armes.

«Chaque bonne nouvelle a une facette cachée juge, à Goz Beïda, un activiste tchadien. Le bilan de l'Eufor est comme le sable soulevé par le vent.» Les camps militaires européens ne sont en effet que des avant-postes d'où partent des patrouilles en véhicules blindés ou en jeeps vers les districts les plus éloignés. Chaque semaine, plusieurs convois quittent ainsi le camp Ciara, QG irlandais à Goz Beïda.

L'ONU redoutée

Mais cette présence dissuasive a ses limites. Beaucoup de Tchadiens déplacés en provenance des zones frontalières sont rentrés dans le sillage des militaires européens, tout en laissant une partie de leurs familles sous les tentes de l'ONU. «Ils transhument. La moindre attaque peut rallumer la panique», concède un expert d'Echo, l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne. Cette dernière, pour éviter la confusion avec les armoiries elles aussi étoilées sur fond bleu de l'Eufor, a fait enlever les autocollants des programmes d'aide financés par l'UE.

L'ONU, dans ce contexte, est plus redoutée qu'attendue. A Abéché, où vivent de l'avis général les commanditaires tchadiens des attaques de plus en plus fréquentes contre les convois humanitaires et des hold-up de véhicules, beaucoup craignent l'arrivée, en mars, d'une force moins disciplinée, moins respectée et bien plus «criminogène» que l'Eufor.

Le DIS, la future police humanitaire formée par les Nations unies, est déjà, dans ces parages infestés de kalachnikovs, réputé pour ses 4x4 Toyota flambant neuf. Les organisations humanitaires sont contraintes au couvre-feu. Otage du conflit du Darfour, de l'attitude du président soudanais Omar al-Bechir, dont la Cour pénale internationale doit en janvier prochain confirmer l'inculpation pour «crimes de guerre», et des manigances du président tchadien Idriss Déby pour consolider son pouvoir, la stabilisation de l'est du Tchad par l'Eufor risque, en fin de mandat, de se transformer en un dangereux «mirage» pour l'Union européenne
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Source: http://www.letemps.ch/

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