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Tchad, Berceau De L'humanité

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29 décembre 2008 1 29 /12 /décembre /2008 13:02

Les militaires de Marseille dirigent la force européenne Eufor, qui aide la population dans les camps. Par 60o au soleil mais 40 o de moins la nuit, les soldats de l'Eufor veillent sur des dizaines de milliers de réfugiés.

  

Mon village, qui était à 5 km de la frontière soudanaise, a été attaqué et détruit en 2004, le 6e mois, par des bandits venus du Soudan. Nous avons déménagé plus au sud. En 2005, nous avons été encore attaqués. Comme en 2006. Et là, ils ont volé mes boeufs, mes ânes ainsi que mes chevaux. Alors, je suis venu m'installer dans ce site de déplacés."


Jouma Ibrahim Kamis, Tchadien de 47 ans et père de 10 enfants, frissonne. Pas de peur. De froid. C'est l'hiver ici, à Arkoum, dans l'est tchadien, et il ne fait plus que 18° maintenant que la nuit vient de tomber. Tout à l'heure, quand le soleil était encore haut, la température dépassait les 40° à l'ombre. Plus de 60° au soleil. Le lieutenant Piot, du 1er Régiment de hussards parachutistes, frissonne, aussi, de froid. "Ma mission est de protéger ce site de déplacés, ainsi que les organisations humanitaires qui leur portent assistance, avec 21 soldats et deux chars légers", dit-il. Son peloton campe depuis une dizaine de jours dans cette savane à l'herbe rase, balafrée de langues de sable qui forment le lit des rivières à la saison des pluies. Le paysage typique de cette région qu'une frontière arbitraire issue de la colonisation nomme Darfour côté soudanais et Ouaddaï, ici, au Tchad.


Nuit et jour, les militaires de la force européenne Eufor, commandés sur le terrain par le colonel L'Hôte, par ailleurs n°2 de l'État-major de forces de Marseille sécurisent la zone, dissuadant les milices ou les simples brigands soudanais de s'attaquer aux civils. Les plus mal lotis sont les autochtones, qui ont vu sur leurs terres arides se bâtir à la hâte une vingtaine de sites pour les 180 000 déplacés, soutenus par quelques ONG, ainsi qu'une douzaine de camps pour les 250 000 réfugiés du Soudan, totalement pris en charge par le Haut commissariat des Nations unies.


"Pour l'instant, on arrive à distribuer 12 à 13 litres d'eau par personne et par jour, alors que l'objectif est de 15 litres. Mais en mars, avant la saison des pluies, la situation sera plus tendue."


Ici, peu de conflits interethniques "On a même réussi à négocier avec les chefs traditionnels tchadiens des terres agricoles pour les nouveaux arrivants", reprend Fatta Kourouma. Du coup, les femmes dans leurs boubous aux couleurs chatoyantes, d'une incompréhensible propreté dans ce monde de poussière, vendent en cette saison de succulentes tomates sur le "marché" du camp de réfugiés.


Un embryon de vie se reconstitue. La vie reprend, plus forte que les massacres, les viols et les vols subis par ces populations au Soudan. Parce que l'inconscience est joyeuse, les gamins se massent en grappe souriantes autour des étrangers. Dans le camp, où 11 ONG et organisations internationales travaillent sous la houlette du HCR, ils peuvent aller à l'école, recevoir des soins médicaux...


Un petit nombre est formé à des activités génératrices de revenus : potier, menuisier, maçon, tailleur... Chaque réfugié est dûment enregistré, et reçoit sa ration mensuelle d'huile, de sel, de sorgho, de mil... Les déplacés ont droit à tous ces services, sauf à l'aide alimentaire, pour ne pas les fixer ici et les encourager à rentrer chez eux dès que la sécurité le permettra. Tout cela coûte cher. "La communauté internationale nous a fourni, en 2008, 190 millions de dollars", déclare Annette Rehrl, porte-parole de l'Onu. Mais pour 2009, rien n'est décidé.

 

Le beau visage lisse de Fatta Kourouma montre des signes d'inquiétude. Il est responsable pour l'Onu du camp de Breiging, le plus grand du Tchad, avec 31 481 âmes, mais qui enregistre "entre 70 et 80 naissances par mois". Pour l'essentiel, ces réfugiés sont d'ethnie massalite, un peu anglophone, alors que leurs frères de même ethnie mais vivant de l'autre côté de la frontière tracée par la colonisation sont plutôt francophones.
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