L’Ethiopie, qui intervient militairement en Somalie depuis fin 2006, a commencé le retrait total de ses troupes du territoire somalien, a annoncé Addis Abeba, vendredi 2 janvier. "Nous avons déjà
commencé à exécuter notre plan de retrait. Cela va prendre encore plusieurs jours", a expliqué le porte-parole du premier ministre, Meles Zenawi.
L'armée éthiopienne était intervenue officiellement pour soutenir le gouvernement somalien de transition, et
a mis en déroute, début 2007, les milices des Tribunaux islamiques, maîtres pendant quelques mois de l'essentiel du centre et du sud de la Somalie. L'Ethiopie, en majorité chrétienne, avait
justifié cette intervention en arguant que les Tribunaux islamiques menaçaient sa sécurité.
Mais depuis la mi-2007, Mogadiscio et un nombre croissant de régions somaliennes sont le théâtre d'une
guérilla acharnée et l'armée éthiopienne s'enlise. Vendredi matin, deux soldats éthiopiens et sept civils somaliens ont encore été tués à Mogadiscio. Jeudi, neuf civils étaient tués par un tir de
mortier et un journaliste assassiné par balle.
LA SOMALIE SANS PRÉSIDENT
Le retrait éthiopien fait planer de sérieuses inquiétudes sur la sécurité dans ce pays pauvre de la Corne de
l'Afrique, en guerre civile depuis 1991. La force de l'Union africaine, l'Amisom, déployée depuis mars 2007 et dont le mandat qui expirait fin décembre a été prolongé de deux mois, va se
retrouver seule sur le terrain face à des "shebab" (l'aile militaire des Tribunaux islamiques) de plus en plus puissants. Mal équipée et sous-financée, l'Amisom est forte de seulement 3 400
soldats burundais et ougandais, alors que son mandat initial prévoyait un contingent total de 8 000 hommes.
En outre, le retrait de l'Ethiopie intervient alors que le président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed, a démissionné de
son poste le 29 décembre pour avoir échoué à ramener la paix et la stabilité dans son pays. Le Parlement somalien a un mois pour élire un nouveau président.