La tension monte au Soudan à l'approche de la décision
des juges de la CPI à propos d'éventuelles poursuites contre le président Omar el-Béchir. Les trois juges doivent se prononcer avant la fin du mois à propos de ces
poursuites réclamées par le procureur de la CPI qui accuse le président Béchir de génocide et de crimes de guerre au Darfour. Lundi, le patron des services secrets a averti que des ressortissants
étrangers pourraient être pris pour cible par des extrémistes si le président était inculpé par la CPI.
Salah Gosh, le chef des services secrets soudanais est un homme discret et peu bavard. Aussi lorsqu'il prend la parole, c'est le signe que l'appareil sécuritaire soudanais est
inquiet. Ce qu'il dit a donc valeur d'alerte pour les chancelleries occidentales. Selon Salah Gosh, une inculpation d'Omar el Béchir risquerait
d'entraîner des représailles de la part de groupes radicaux contre les Occidentaux vivant au Soudan. Faut-il y voir une menace voilée ? Salah Gosh s'en défend par avance en expliquant dans la
même phrase que ses services travaillent à éviter le pire.
Reste que la perspective de voir avant la fin du mois les juges de la CPI inculper le numéro un soudanais provoque un certain énervement dans les cercles dirigeants. L'un des leaders de
l'opposition, Hassan al Tourabi, a mis en garde contre le risque d'un affaiblissement du pouvoir central soudanais suite à une possible inculpation. Selon lui, la situation pourrait devenir pire
qu'en Somalie, même s'il ajoute qu'Omar el-Béchir est politiquement coupable des crimes commis au Darfour.
Cette agitation dans les cercles dirigeants soudanais tient au fait que le dialogue amorcé entre Londres et Paris d'un côté, et Khartoum de l'autre, semble dans l'impasse. Français et Anglais
avait émis l'idée qu'ils pourraient plaider pour une suspension des poursuites à condition que les Soudanais fassent des gestes concrets sur le dossier du Darfour. Mais depuis, rien n'a
bougé.