KHARTOUM
(AFP) Le chef d'un parti d'opposition au Soudan, Hassan al-Tourabi, et un haut responsable de sa formation ont été arrêtés mercredi par les
services de sécurité, a-t-on appris auprès de leur entourage. "Une vingtaine de membres des services
de sécurité sont venus dans sa maison à bord de deux voitures et ont emmené Hassan al-Tourabi. Ils n'ont pas fourni de détails, ils lui ont simplement donné l'ordre de venir avec eux", a déclaré
à l'AFP le directeur de son bureau, Awad Babakr.
Béchir Adam Rahama, le secrétaire aux Affaires étrangères du Parti du Congrès populaire (PCP) dirigé par M. Tourabi, a également été arrêté mercredi, selon son fils.
Ces arrestations interviennent deux jours après que Hassan al-Tourabi eut estimé que le président Omar el-Béchir était "politiquement coupable" des crimes commis au Darfour, région de l'ouest du
Soudan en proie à la guerre civile, et estimé qu'il devait se rendre de son propre chef devant la Cour pénale internationale (CPI).
Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a accusé en juillet le président soudanais de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour et les juges de la CPI pourraient décider
sous peu d'emettre un mandat d'arrêt.
La guerre civile au Darfour a fait jusqu'à 300.000 morts depuis 2003, selon l'ONU, 10.000 selon Khartoum. "Politiquement nous pensons qu'il est coupable (...). Il devrait assumer ses responsabilités pour tout ce qui arrive au Darfour, les déplacements, les villages incendiés, les viols --j'entends par là les viols systématiques (...) à une vaste échelle-- et les tueries", avait déclaré à la presse ce leader islamiste, ancien dignitaire du régime Béchir. "Deux agents sont entrés et lui ont dit +nous vous emmenons pour une enquête+", a expliqué à l'AFP Safi Béchir Adam Rahama.