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Tchad, Berceau De L'humanité

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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 20:25

Librafrique.com : Vous, les politico-militaires, aviez juré qu’à la fin du mois ramadan, vous chasseriez Deby mais il ne se passe aucun mouvement jusqu’aujourd’hui dans le sens de vos discours. Qu’est-ce qui se passe ?


Dr Albissaty :
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que je suis profondément touché par l'intérêt que vous portiez à ma très modeste personne et de ce qu'elle pense. Je crois, franchement, sans fausse modestie, que j'en suis flatté.
Pour revenir à votre question, je reprends ce que j'avais dit à maintes occasions: nous sommes en mal de communicateurs. Nos déclarations à l'emporte-pièce nous desservent lamentablement. Nous pensons que les déclarations ronflantes sont une forme de lutte efficace. Lisez un peu nos communiqués de presse. À quoi ressemblent-ils ? Des « formules de la rue » se côtoient avec un vocabulaire, on ne peut plus, plaisantin. Nous ambitionnons de remplacer des hommes connus pour leurs frivolités linguistiques et voilà que nous nous découvrons pareils.


Qu’est-ce qui se passe à l'interne? Je dois vous dire qu'il n'y a pas grand-chose qui mérite d'être évoqué. Nos temps libres sont rythmés par des interminables réunions souvent stériles. Des rencontres auxquelles,  je dois vous le dire en passant,  j’ai cessé de participer en raison de notre immobilisme. Rien n'avance en fait. Rien n'avance parce que nous sommes restés les mêmes, avec tout ce que vous imaginez comme faiblesses. Espérons que l'adoption du manifeste puisse faire avancer les choses.  
 

Librafrique.com :
Vous êtes rentrés en conclave pendant plusieurs semaines pour produire le manifeste que nous avons lu. Pour un travail de groupe et avec tout le temps mis, le résultat est moyen. Que va-t-il se passe après ce manifeste?


Dr Albissaty :
Moyen est une note de passage. Je ne commente rien alors.  Maintenant, en ce qui concerne ce que nous allons faire après, je vous dis qu'il reste aussi l'adoption d'autres documents tels que les règlements intérieurs et autres modalités du choix de qui sera le président de l'UFR.  


Librafrique.com :
Jusque-là vous ne dites pas qui va prendre la tête de la nouvelle entente. Vous n’attendez quand même pas d’être dans les faubourgs de Ndjamena pour désigner qui va mener la transition ?

 
Dr Albissaty : Bien sûr que non. Je vous parlais tantôt de la désignation du président de l'UFR dont les critères de choix ne sont pas encore définis. Je crois, personnellement, que ce serait la phase de négociation la plus rude. Mais comptons sur la disponibilité d'Allah, pour une fois, pour nous aider.  


Librafrique.com :
Est-il permis de penser que la transition éventuelle sera menée par un collège de seigneurs de guerre ?


Dr Albissaty :
Connaissant la réalité du terrain, je ne pense pas qu'une telle éventualité serait envisageable. N'Djamena était tombée le 2 et 3 février dernier. Les tombeurs de la ville étaient bien ce collège dont vous parlez; et pourtant, cette victoire s'était volatilisée à cause de la mésentente entre ceux que vous appelez « les seigneurs de guerre ». Ils leur étaient beaucoup mieux de redonner le pouvoir à leur « ennemi » que d'accepter que l'un d'eux soit à la tête du nouveau régime. Donc, il est impossible qu'il y ait un gouvernement dirigé par une coalition des « seigneurs de guerre ».  


Librafrique.com :
Une meute de seigneurs de guerre aux commandes du Tchad effraieraient plus d’un Tchadien. Est-il sérieux de mentionner dans votre manifeste que vous alliez désarmer les civils  Tchadiens alors que vous ne faites pas mention de vous-mêmes, les seigneurs de guerre et vos corollaires de combattants armés, détenteurs des plus gros lots d'armes et principaux animateurs des insurrections armées au Tchad ? Allez-vous garder vos armes, une fois à Ndjamena, en prévision  d’une future insurrection si le virus de la violence armée vous piquait à nouveau ?


Dr Albissaty :
Primo, nous ne sommes pas des civils, puisqu’à côté du terme "politico", il ya aussi le terme "militaires". Or, nous parlons du désarmement des civils et non des militaires qui nous font face. Aussi, nos hommes sont majoritairement des militaires qui viennent justement d'en face. Secundo, l'histoire de la rébellion armée n'a pas commencé avec notre insurrection pour que vous disiez de nous « les principaux animateurs des insurrections armées au Tchad ».  Il me semble que vous ne vous rappelez plus que Deby est arrivé au pouvoir par les mêmes voies et ses hommes autrefois de « vulgaires mercenaires ». A ce stade, c'est vous plutôt vous qui faites les « deux poids deux mesures » en omettant de réclamer le désarmement des troupes de Deby au même titre que nous.


Librafrique.com :
Entre Deby et El bechir, le message passe 5/5. El bechir peut frapper à répétition Ndjamena, mais il sait qu’aujourd’hui, Deby sest donné les moyens pour lui répondre dans le genre
« œil pour œil dent pour dent ». Les donnes changent aujourd’hui. Que faites-vous, vous politico-militaires tchadiens, face au risque d’être brusquement sacrifiés par le Soudan ?


Dr Albissaty :
Le message ne passe pas 5/5 entre Deby et Albachir et ne passera jamais ainsi pour la simple raison que si le Soudan est maitre de sa politique intérieure comme extérieure, il n'en est pas de même pour le Tchad. Deby ne décide rien concernant le MJE. Cette rébellion est soutenue diplomatiquement et même militairement par des puissances étrangères pour anéantir le régime Soudanais qui s'obstine à être souverain.

Croyez-moi, ce n'est pas un discours politicien. Le Soudan est réellement un pays souverain. Ce n'est pas le cas du Tchad de Deby qui doit se contenter d'exécuter les obligations, envers le MJE, que lui dictent la France et ses alliés occidentaux. Notamment en contribuant dans la logistique, l'armement et bien entendu l'hébergement. Or le différend qui envenime les relations entre Khartoum et N'Djamena est bien ce soutien multiforme que Deby apporte au MJE.  C'est pourquoi le Soudan, ces derniers temps, nous fait des yeux de Chimène.

Quant au risque d'être « sacrifiés » par les Soudanais à n'importe quel moment, je ne l'exclus pas. Et d'ailleurs je le souhaite parce qu’en ce moment-là, nous saurons qui renoncera à la lutte sans le soutien soudanais. Ce serait, à mon sens, une sorte d'épuration, dans l'opposition armée, d'individus opportunistes qui souillent l'atmosphère révolutionnaire par leurs manigances, coups bas et autres diffamations. 

 Maintenant, en ce qui concerne l’« œil pour œil dent pour dent », il faut distinguer entre la composition de l'opposition armée tchadienne et le MJE soudanais. Toutes les attaques contre le régime de Deby ont été menées à 100% par des Tchadiens. Je mets le régime de Deby au défi de démontrer le contraire.  Par contre, l'attaque d'Omdourman a révélé aux yeux du monde entier que des Tchadiens ont participé massivement aux côtés de la rébellion darfourie dont des  nombreux mineurs.  


Librafrique.com :
Je vous comprends, mais à un certain niveau des enjeux, l’identité de celui tire sur la gâchette n’est pas l’élément le plus  significatif. C’est le symbole qui compte. Et la réalité du symbole est là. El bechir, par ses longues mains, peut frapper Ndjamena. Deby peut aussi frapper Khartoum. Cette nouvelle donne amène à reconsidérer certaines cartes. Êtes-vous préparés à une reconsidération de vos relations avec Khartoum ?


Dr Albissaty :
je ne comprends pas pourquoi vous insistez sur les frappes de N'Djamena par Elbechir ! C'est nous qui frappons le régime de Deby. C'est nous qui tuons et se font tués par d'autres Tchadiens. Je vous l'avais déjà dit que nous nous battons seuls contre Deby. Ce n'est pas le cas de Deby qui met au devant le MJE pour nous faire face, ce MJE qui a recruté beaucoup des Tchadiens dans ses rangs. On dirait que vous ne suivez pas les évènements. Quant à nos relations avec Khartoum, puisque vous insistez, je vous dis, et je vous prie de bien vouloir me croire, elles n'ont jamais été officielles. Nous n'avons pas un programme commun. Nous n'avons pas les mêmes objectifs, même pas une plate-forme minimale. Savez-vous que jusqu'à une époque récente, la plupart des membres du gouvernement soudanais ne savaient pas qu'il y a une acceptation mutuelle entre nous et certaines personnalités soudanaises.


Librafrique.com :
Deby est toujours là, intact et peut-être plus fort encore en dépit de toutes les attaques armées et tentatives d’assassinats. La  lutte armée, surtout dans sa forme actuelle, montre ses limites.  N’est-il pas temps de rechercher d’autres voies de solution  et de raison?


Dr Albissaty :
je suis d'accord avec vous que Deby ait considérablement renforcé ses capacités offensives et défensives.  Cela saute aux yeux. Mais il est énormément trop loin de la puissance du Shah d'Iran que Khomeini renversa par un tour de la main. L'Iran était pratiquement la quatrième puissance militaire mondiale. Elle était préparée par les USA de façon à contenir les attaques de l'URSS pendant un mois sans soutien extérieur.
 En tout cas, attendez, le jour où nous allons nous reconstituer de manière honnête, vous allez voir que la quasi-totalité des chars traversera la ligne de démarcation pour venir nous soutenir. Et puis, qui vous dit que nous n'avons pas les moyens de mettre hors d'état de nuire ces ferrailles démodées de Deby ?


Librafrique.com :
les images que vous évoquiez sont parlantes. Khomeiny avait renversé le Shah et instauré, par la suite, un régime islamiste. Deby pourrait partir comme Shah est parti malgré ses énormes quantités d’armes. Qu’est-ce qui va se passer après Deby? Bonjour l’islamisme ?


Dr Albissaty :
je ne suis ni le président de l'UFR ni l'un des prétendants à la tête du ce future-né. De tradition tchadienne, le devenir de la nation dépend de la volonté de celui qui est à sa tête. Je crois que vous m'avez compris. Par conséquent, Albissaty ne pourrait parler que de ce qu'il aimerait qu'il espère. 
 


Librafrique.com :
Certaines analyses ont identifié des constantes de divisions qui ont fait que les Tchadiens n’aient jamais réussi à s’unir malgré les centaines d’initiatives de paix  et  de réconciliation. L’esprit du FROLINAT, à travers son manque d’ouverture politique, n’est-il pas pour quelque chose dans les échecs actuels des politico-militaires ? 


Dr Albissaty :
vous l'avez bien dit: "certaines analyses". Donc  une analyse, par définition, n'a pas un caractère absolu. C'est une façon de voir à partir d'un angle donné, en se basant sur un certain nombre d'éléments d'appréciation dont on est en possession. Pour ma part, je pense que dans aucune littérature politique, notamment celle du FROLINAT, il n’est écrit qu'il faut maintenir la division au sein d'une communauté.

Je crois sincèrement que le FROLINAT, comme toute formation politique qui se veut nationale, est innocent du comportement de certains de ses chefs comme l'islam est innocent du comportement de certains musulmans et le christianisme de certains chrétiens. Cependant, il n'est pas fortuit que d'aucuns disent que le Frolinat soit ceci soit cela. Parce que, voyons, dès la disparition prématurée de son chef, Ibrahim Abatcha, qui  n'a vécu à la tête du mouvement qu'un an et demi, le mouvement s'était disloqué en plusieurs morceaux qui s'entredéchiraient pour des raisons qui non rien à voir avec l'intérêt de la nation.


Librafrique.com :
Vous dites que d
ans aucune littérature du FROLINAT, il n’est écrit qu'il faut diviser. Aussi, dans aucune littérature de l’UNIR, il  est écrit qu'il faut arrêter arbitrairement, exécuter extrajudiciairement, torturer, terroriser, etc. Mais, cette absence n’a pas empêché le régime de Habré d’être sanguinaire. Habré ne peut pas nier aujourd’hui les crimes qu’on lui reproche en invoquant l’absence de mention explicite ou implicite des dérives criminelles dans la littérature politique de l’UNIR. Sérieusement, un tel argument fond comme neige au soleil devant la réalité des charges et leurs horreurs. Persistez-vous à nier que nos divisions s’expliquent particulièrement par l’état de l’esprit des politiques du FROLINAT et aussi d’autres réticences ?


Attendez la réponse à cette question dans la deuxième partie de l’interview où les échanges sont intenses et francs entre le politico-militaire Tchadien Dr Albissatyet le journaliste d'investigation Abbas Kayangar. 

Source: http://librafrique.com/

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