Les putschistes qui ont pris le pouvoir en Guinée-Conakry
le mois dernier ont formé comme ils s'y étaient engagé un nouveau gouvernement où les civils sont majoritaires, même si les ministères-clé sont dirigés par des militaires. Sur les 29 ministres
dont la nomination a été annoncée mercredi soir à la télévision d'Etat, seuls neuf appartiennent à l'armée. Mais ce sont des officiers qui occupent les principaux postes, dont les ministères de
la Défense, la Justice, la Santé, la Finance, les Télécommunications et le Commerce.
"La nomination de membres de l'armée aux postes les plus stratégiques est le résultat d'un profond besoin de changement", a jeudi Toto Camara, l'un des deux vice-présidents de la junte, dans un
entretien à l'Associated Press.
Mais le gouvernement compte aussi des civils: le nouveau ministère des mines est un expert minier actuellement basé aux Etats-Unis, Mahmoud Thiam.
Le pays, désignée comme le plus corrompu d'Afrique par l'organisation de lutte contre la corruption Transparency International, est souvent décrit comme un
"scandale géologique", ses richesses naturelles ayant étant détournées par l'élite dirigeante.
Parmi les autres personnalités civiles nommées au gouvernement, Aïcha Bah devient ministre de l'Education, un poste qu'elle avait occupé dans les années 1990. Elle avait été saluée pour avoir contribué à réduire fortement le taux d'illettrisme dans le pays. Elle avait entamé une carrière à l'UNESCO, l'organisation des Nations unies pour l'éducation et la culture, après avoir été renvoyée par Lasana Conté, le défunt dictateur.
Le chef des putschistes, le capitaine Moussa "Dadis" Camara, a promis de rendre le pouvoir au peuple dès que possible. Il était à la tête du groupe d'officiers qui
se sont emparés des ondes le 23 décembre dernier, au lendemain de la mort du président autoritaire Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis près d'un quart de siècle. Ils se sont proclamés
nouveaux dirigeants du pays en promettant de rompre avec le passé. Le coup d'Etat a été dénoncé par la communauté internationale qui a fait pression sur les 32 membres de la junte pour qu'ils
nomment des civils au sein d'un gouvernement de transition et convoquent des élections le plus tôt possible.