Le gouvernement tchadien a interdit l’usage du charbon de bois, afin de lutter contre l’abattage des arbres et la désertification. Mais ce combustible est la
seule source d’énergie domestique pour 99% de la population. Le gouvernement a interdit l’acheminement du charbon de bois à N’Djamena, et confisqué tout le charbon de la ville, créant une pénurie
en ville. Lorsqu’on parvient à s’en procurer, le sac qui se vendait auparavant à 6 000 francs CFA (12 dollars) coûte désormais quatre fois cette somme sur le marché noir. L’interdiction imposée
par le gouvernement sur l’utilisation du charbon de bois à N’Djamena, capitale du Tchad, a créé des conditions qualifiées d’explosives. « A l’heure où je vous parle, des femmes et des enfants se
trouvent à la périphérie de N’Djamena, et fouillent partout pour trouver des branches mortes, de la bouse de vache ou, éventuellement, des petits morceaux de charbon. Les gens ne peuvent plus
cuisiner », a expliqué M. Merlin Totinon Nguébétan, représentant de la branche tchadienne du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT). « Les femmes qui accouchent
ne trouvent même pas un seul morceau de charbon pour pouvoir chauffer de l’eau pour se laver », s’est indignée Céline Narmadji, de l’Association des femmes pour le Développement du Tchad.

Selon les syndicats et autres organismes de la société civile, le gouvernement n’a pas préparé la population. Encore moins mis d’autres sources d’énergie domestique
à la disposition des citoyens. Pour les représentants du gouvernement, l’interdiction imposée sur l’utilisation du charbon de bois permet d’empêcher l’abattage des arbres pour la fabrication de
combustible. « Les Tchadiens doivent chercher d’autres formules pour faire la cuisine et oublier le charbon de bois et le bois de chauffe. Faire la cuisine est une nécessité fondamentale pour
chaque foyer. D’un autre côté, avec le changement climatique, chaque citoyen doit protéger son environnement », a récemment déclaré Ali Souleymane Dabye, Ministre de l’Environnement, à la presse.
Selon les autorités, l’interdiction porte uniquement sur le charbon de bois fabriqué à partir de bois vert, et non de bois mort. Pourtant, l’acheminement du bois et du charbon de bois à N’Djamena
a été totalement interdit pour les habitants.
Le 14 janvier, les soldats de l’armée et la police ont dispersé la foule qui s’était réunie dans la capitale pour protester contre les mesures prises par le gouvernement, et plus généralement,
contre le coût élevé de la vie. « Ils ont frappé des manifestants, principalement des femmes », a indiqué Mme Narmadji, de l’association de femmes, qui faisait partie des manifestants. « Tant que
le gouvernement ne changera pas les choses, nous ne renoncerons pas. Mieux vaut mourir rapidement et en masse, plutôt que continuer à succomber d’une mort lente, comme nous le faisons
actuellement », a-t-elle déclaré.