Le personnel judiciaire d’Abéché est en émoi et en colère suite à
la tentative d’assassinat du président de tribunal de première instance, M. Brahim Abdel Abakar par un justiciable. En date du mercredi 12 août 2009, le tribunal de première instance
d’Abéché a rendu le verdict dans une affaire de terrain litigieux. Les magistrats ont donné gain de cause au propriétaire légitime dont le terrain a été frauduleusement vendu.
Par ailleurs, le vendeur a été condamné à verser 5 000 000 FCFA à l’acquéreur. Malheureusement, cette décision n’a pas plu à ce dernier qui a estimé que la somme est insuffisante, ne correspondant pas à la valeur du terrain. Il a pris la décision de s’en prendre physiquement au président du tribunal. "C’est un parent à moi qui venait régulièrement à la maison", a fait remarquer M. Brahim Abdel Abakar. De l’avis du magistrat, l’acquéreur avait pensé user de ses affinités familiales pour pouvoir avoir plus d’argent sinon, conserver le terrain. "Or, nous rendons collégialement la décision", poursuit-il.
Ayant prémédité son plan, l’agresseur était venu le jeudi 13 août 2009, très tôt attendre le président du tribunal devant son bureau, sans extérioriser une agressivité particulière. Quelques temps après, le magistrat est arrivé, ne se doutant de rien, et s’apprêtant à ouvrir son bureau. C’est à ce moment précis que le forcené a tenté de lui assener trois coups de couteau par derrière. Selon les témoignages recueillis auprès des badauds accourus nombreux, c’est grâce à la promptitude du public que le pire a été évité. Néanmoins, le juge s’en est tiré avec une blessure légère au doigt, en tentant de se protéger.
Dans un élan de survie, le président du tribunal a tiré deux coups de feu avec son pistolet, qui heureusement n’ont pas fait mouche. "Je voulais le mettre hors d’état de nuire", a insisté M. Brahim, se confiant aux confrères de "La Voix du Ouaddaï", la radio des humanitaires. Les gendarmes également sont intervenus, tirant des coups de sommation en l’air; ce qui a suscité un sentiment d’inquiétudes au sein de la population vivant aux alentours du palais de justice et du gouvernorat. La suspension du réseau des deux opérateurs de téléphonie mobile Tigo et Zain toute la matinée, pour raison de fouilles d’armes de guerre,est venue conforter les interrogations de certains abéchois. Mais il y avait beaucoup plus de peur que de mal ! Le forcené a été maîtrisé par les gendarmes et médite présentement son sort entre les mains des forces de l’ordre.
Suite à cette agression, le personnel judiciaire d’Abéché a unanimement, dans un mémorandum, décidé de suspendre toutes ses activités jusqu’à ce que les conditions de sécurité soient garanties par les autorités compétentes.
Mbaïdedji Ndjénodji Frédéric
Envoyé spécial à Abéché