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Tchad, Berceau De L'humanité

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 11:21

A l'ombre des paillettes, le Festival de Cannes est avant tout l'occasion de mettre en lumière des cinémas peu connus, différents, qui n'auraient peut-être jamais eu l'opportunité d'éclore. Présenté en compétition officielle, le nouveau film du réalisateur Mahamat-Saleh Haroun est de ceux-là. 'Un homme qui crie' raconte la guerre civile, le Tchad, l'Afrique, le monde, avec une sensibilité et une ampleur devenues trop rares.

 

Adam, ancien champion de natation, est désormais maître nageur dans un hôtel de N'Djaména. Son fils l'assiste. Suite à la privatisation des lieux, il doit lui céder la place. Dans le ciel et sur les ondes, la guerre civile gronde. Alors quand Adam est sommé de participer à l'effort de guerre, il n'a que son fils à donner… Après 'Bye-Bye Africa', 'Abouna - Notre père' et 'Daratt, saison sèche', Mahamat-Saleh Haroun revient avec une histoire aussi simple qu'expressive. Ici, c'est la sphère de l'intime qui est scrutée. On y cherche les traces douloureuses de ces conflits continuels, celles d'une société de plus en plus violente. Rencontre avec un cinéaste qui prend le temps de raconter.

Quel a été le point de départ de votre film ?

L'environnement tchadien. Ce contexte de guerre permanente. Le 13 avril 2006, alors que nous tournions 'Darat', les rebelles sont entrés en ville. Ce jour-là, le comédien principal fêtait ses 18 ans. En février 2008, les rebelles sont à nouveau entrés en ville. Nous avons été pris prisonniers, bloqués dans le désert sans moyen de communication. J'ai vu pas mal de gens souffrir, notamment des Français qui étaient venus pour le film. Ils se retrouvaient du jour au lendemain sans possibilité de joindre leurs proches. Les télévisions n'étaient pas sur place : sans correspondants, elles rediffusaient des images sans préciser qu'il s'agissait d'archives. Ces deux situations m'ont poussé à raconter l'histoire d'un 'Homme qui crie', à transmettre cette sensation d'emprisonnement, comme si on ne percevait de la rue et du monde que des sons.


Dans ce film, il n'y a que la radio qui donne des nouvelles du front…

La guerre est présente sur les ondes et à travers les bruits des avions que l'on ne voit pas. Le problème est que ces personnages, notamment Adam, ne savent pas quel clan dit vrai, quel clan choisir. Les rebelles ou les forces gouvernementales ? En fait c'est un non-choix. Ces personnages ne veulent simplement pas de la guerre, et se demandent comment arrêter cette tragédie. Il y a dans cette guerre civile, un autre conflit, celui des ondes. Personne ne sait qui croire. Les uns et les autres disent qu'ils ont vaincu mais comme le front est loin… En tant que civil, on ne se déplace pas pour constater la réalité sur le terrain. On ne sait pas à quel saint nous vouer.


Est-ce le symbole d'un pays qui a cessé de croire ?

Malheureusement non. Adam est un héros car il a cessé de croire et qu'il ne fait pas comme les autres. Son ami David est croyant. Sa femme aussi. Elle l'encourage à prier. Alors, en refusant de croire, même en prenant conscience qu'il n'y a rien à espérer du ciel, il s'aperçoit qu'il est seul et qu'il doit réparer lui-même la faute qu'il a commise. J'ai voulu filmer la solitude des hommes face à quelque chose qui les dépasse. Quelque chose qui les ramène dans une verticalité, qui les conduise à s'interroger sur l'existence de Dieu et sur la justesse de leurs actes.


Pourquoi filmer l'intime plutôt que la guerre ?

Montrer la guerre aurait coûté trop cher et je n'en avais pas envie de toute façon. Elle est représentée hors champ, tel un fantôme. Je voulais incarner cette situation politique. Raconter la guerre par l'intime. La tragédie de ses hommes pris au piège de cette guerre civile d'un côté, sociale de l'autre. Car au Tchad, comme ailleurs, on privatise, on restructure. Mes deux personnages, le père et le fils, se font la guerre pour un travail. Je voulais également souligner que dans notre monde, le travail semble être l'essence de la vie. On nous l'inculque tous les jours. Un homme ou une femme sans travail n'aurait pas d'identité !    Lire la suite de Cinéma miraculeux ».

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