Dépenses militaires : Le Tchad, 2ème client de la France

Dans son rapport 2008, le ministère français de la Défense classe le Tchad en deuxième position des pays importateurs d’armes, après l’Afrique du Sud. Selon le rapport rendu public au parlement français, les livraisons d’armes au Tchad ont effectué un bond considérable de 50% en 2008. Après les sanglants événements de février 2008, le Tchad a continué à se ravitailler en armes auprès de la France. “Au Tchad, la France a délivré pour près de 13 millions d’euros (8,5 milliards de FCFA, NDLR) d’autorisations d’importations de matériel de guerre l’année dernière : c’est plus que ce qu’elle a consacré au renforcement de l’éducation ou à la lutte contre la mortalité infantile et le VIH Sida dans ce pays”, s’est insurgé Zobel Behalal, de l’association “Terre Solidaire.”

 

Sa publication a provoqué un tollé général de la part de plusieurs ONG françaises, qui rappellent à la France son obligation d’empêcher les transferts d’armes qui peuvent entraîner de graves violations des droits humains, du droit international humanitaire.Les défenseurs des droits de l’homme précisent par ailleurs, pour justifier leurs actions, qu’une commission d’enquête internationale, soutenue par la France, avait conclu aux responsabilités principales et directes des autorités tchadiennes dans de graves violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire qui ont eu lieu au cours de la bataille de N’Djaména, les 2 et 3 février 2008, en l’occurrence la disparition de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh.

 

Les chiffres sur les trafics d’armes dans le monde sont effroyables. Les ventes d'armes sont l'un des commerces les plus lucratifs de la mondialisation : 700 millions d'armes légères sont en circulation dans le monde entier ; chaque année, quatorze milliards de munitions sont produites, soit deux cartouches par humain ; le marché est évalué à mille deux cents milliards de dollars par an ; les Etats-Unis arrivent en tête des producteurs, avec 55% des exportations, suivi par le Royaume-Uni (17%), la Russie (8%), la France (6%), Israël (4%) et l'Allemagne (3%).

 

Voilà pour l'offre. Côté “ demande ”, l'Afrique se place parmi les meilleurs clients. La plupart des pays en conflit consacrent des budgets colossaux aux achats d’armes : Congo, Tchad, Angola, Rwanda, etc. La France n’est pas le seul pays chez qui le Tchad s’approvisionne en arme de guerre. Plusieurs pays sont évoqués dans la liste des fournisseurs. Généralement se sont des pays que les organismes internationaux accusent dans leurs différents rapports, de vendre les engins de la mort aux pays sous-développés. Lors des démonstrations militaires qui ont eu lieu à N’Djaména, le 11 août 2008, entre autres, on a pu voir des armes de différentes origines. Les pays qui approvisionnent le Tchad en armes sont : Israël, la Chine, l’Ukraine, la Turquie, et surtout la Russie avec le fameux hélicoptère MI 24.

  Le plus souvent, ces approvisionnements ne se font pas directement entre Etats mais par l’intermédiaire des sociétés ou des hommes d’affaires. Ainsi en 2006, la société Suisse Pilatus a livré un avion de type PC-9 au Tchad destiné aux entraînements. On peut aussi citer la Belgique parmi les fournisseurs d’armes bien qu’il n’y ait aucune licence d’exportation entre les deux pays ; en fait, c’est la France qui sert d’intermédiaire selon un rapport de 2005 de Amnesty international.  
 Eric Topona  
Sources : Rapport 2008 ministère français de la Défense; enquête Arte France, 2007.  
Les dépenses militaires tchadiennes en quelques chiffres  
Mirage F6 : environ 4,5 milliards de FCFA l’unité
Hélicoptère MI24 : 3 milliards de FCFA l’unité
Char de combat (Orgue de Staline) : 150 millions de FCFA l’unité
Véhicules Toyota tout-terrain : 17 millions de FCFA l’unité
Guerre de l’est : 20 milliards de FCFA
Pertes humaines : environ 5 milliards de FCFA
Un militaire qui tombe au front : 1,5 millions de FCFA (sans compter le coût des blessés graves)
N.B. : Ces chiffres ne prennent pas en compte la maintenance du matériel militaire et les armes de petit calibre comme les fusils, les mitraillettes, les munitions…  
Source : Journal satirique Le Moustik N°011, nov. 2007