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Tchad, Berceau De L'humanité

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 13:15
images-copie-23.jpgDepuis que les grandes échéances électorales sont annoncées, l’on note une nette ferveur de l’activité politique. Mais, une fois encore, c’est le Mouvement patriotique du salut (MPS), parti au pouvoir, qui semble donner le rythme. L’opposition démocratique se contente de timides sorties sans faire preuve de mise en place de stratégies pouvant lui permettre d’inverser les choses. "Seul le Mouvement Patriotique du Salut est un parti crédible, les autres partis ne peuvent même pas remplir un kiosque d’un bureau de vote", déclarait Gilles Désesquelles, l’ambassadeur, chef de la Délégation de l’Union Européenne (UE), lors d’une sortie médiatique. Cette déclaration a suscité un tollé au sein de l’opposition. Certains opposants sont allés même jusqu’à qualifier l’ambassadeur de l’UE de " militant du MPS ". Mais au-delà de ces réactions légitimes du fait que l’ambassadeur a outrepassé son devoir de réserve et en prenant un peu de recul, que peut bien nous inspirer une telle déclaration ? D’abord, elle nous ramène à l’idée que la scène politique est désertée ; il y a manifestement une absence d’animation politique par l’opposition. Le MPS occupe le devant de la scène, donnant l’impression que le pays est dans une sorte de pensée unique.


Un espoir aussitôt estompé


Et pourtant, la participation au gouvernement des partis membres de la Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution (regroupement des partis d’opposition), à la faveur de l’accord du 13 aout 2007 portant renforcement du processus démocratique au Tchad, a suscité des espoirs au sein de la population. Après une longue période de soubresauts qu’a connus le pays, on pourrait assister à une décrispation de l’atmosphère politique. Dès l’entame, le gouvernement de Youssouf Saleh Abbas, s’est illustré par des actions fortes : défi du social, restructuration de l’armée, réforme de la justice, protection de l’environnement…


A l’initiative du ministère de la Défense nationale, tous les commandants de brigades ont été réunis à N’Djaména pour un renforcement de capacités, les traques des militaires qui portent abusivement les tenues militaires dans les lieux publics ont été organisées, les patrouilles ont été renforcées pour assurer la sécurité des populations. Des actions que la population a vivement applaudies. Mais cet effort s’est vite estompé et l’ardeur du gouvernement va s’émousser progressivement. La période de grâce est vite passée. Et l’on s’étonne que les ministres membres de la CPDC ne marquent pas de leur singularité ce passage au gouvernement. Pire, lors de leurs apparitions publiques, ceux-ci tiennent des propos élogieux à l’égard du président de la République, au lieu d’aller à l’essentiel. A telle enseigne qu’on se demande qui parle. Cela rappelle la période de la démocratie consensuelle et participative (DCP) de 1997 où certains opposants ont signé un accord avec le MPS pour participer au gouvernement. Cette DCP a tourné court et l’opposition y a laissé des plumes. Pendant la même période, l’artiste Me Gazonga glissait subtilement dans une de ses chansons : "Untel koulou MPS " (Untel aussi est MPS, en arabe local) alors que ce dernier était ministre mais un des ténors de l’opposition.


Pour revenir à la situation actuelle, est-ce au nom de la solidarité gouvernementale que les quatre membres de la CPDC ne lèvent pas le ton, même quand il le faut ? L’on s’attendrait à ce que ceux-ci adoptent une position commune par rapport à certains problèmes. On se rend compte qu’aucun d’eux n’a exprimé publiquement un coup de gueule, moins encore une menace de démission, alors que beaucoup de situations que les Tchadiens vivent actuellement nécessitent de telles prises de position. Pour mémoire, l’histoire politique récente du Tchad retient la démission d’un seul ministre, en l’occurrence le professeur Avocksouma Djona Atchénémou, qui ne voulait pas avaler davantage les couleuvres du régime. Le professeur Avocksouma était d’ailleurs sans coloration politique.


Une atmosphère politique quasi monocorde


L’opinion, du moins les partisans de l’opposition, attend de ses représentants, qu’ils plantent leurs marques car le rôle premier de l’opposition dans une démocratie est de dénoncer ce qui ne va pas, mais on dirait que les membres de la CPDC au gouvernement ne servent ni l’opposition, ni leur parti respectif mais plutôt le MPS. Jusqu’aujourd’hui, certaines personnes se demandent pourquoi les Alingué, Dahalob, Kamougué et Naïmbaye ne se sont-ils pas fait représenter au gouvernement par leurs dauphins au lieu d’y aller eux-mêmes au risque de brûler leurs ailes ? Est-ce par peur d’un éventuel débauchage, comme ce fut le cas par le passé ?


Au regard de l’évolution de la situation politique, l’on se rend compte que le chef de l’Etat, par un passage en force, à fait avaler à l’opposition la pilule du recensement électoral informatisé lors de la rencontre du 4 décembre 2009. Nous devons prendre la décision ici même avant de sortir de cette salle, semblait dire le président Déby ce jour. Et comme il fallait s’y attendre, il n’y avait aucune note discordante dans les interventions des différents hommes politiques qui se sont relayés tour à tour pour réagir à la proposition du chef de l’Etat. Plus curieux ont été les propos d’un chef de parti, membre de la CPDC, mais qui ne participe pas au gouvernement : "Monsieur le président, nous ne pensons pas que dans vos fonctions et au titre de garant de l’accord qu’on prenne trop sur votre temps pour que 120 personnes interviennent à la fois. Je pense que les choses sont claires. Il y a des décisions politiques à prendre. Vous en avez ciblé deux(…) Qu’on évolue ". Et dire que quelques jours auparavant, l’opposition politique faisait montre d’une intransigeance sans pareille. Recensement électoral biométrique ou rien.


De véritables défis à relever


Pour le président de la République, le recensement électoral biométrique, trop cher (73 milliards FCFA) et trop fastidieux (le processus électoral ne pourra être finalisé qu’en 2013), s’il devait être organisé, conduirait le pays vers un vide juridique. Idriss Déby Itno a attiré l’attention de son auditoire sur le mandat des députés qui tire en longueur (l’actuelle législature est à l’hémicycle depuis 2002 alors que la constitution limite le mandat à 4 ans) ainsi que la fin du mandat présidentiel en cours qui prend fin en 2011.


Ainsi donc envolés, les espoirs de doter le Tchad d’un fichier électoral biométrique sécurisé, moins sujet au tripatouillage, comme l’auraient souhaité l’opposition démocratique et une partie des organisations de la société civile. Or, que gagnerait-on en organisant un recensement biométrique ? Le recensement biométrique, plus fiable, permettrait de maîtriser le corps électoral et d’éviter de gonfler des chiffres de manière fantaisiste, comme ce fut le cas dans les précédents dénombrements faits sur la base des fichiers informatisés.Passé ce consensus, quelle bataille attend à présent l’opposition politique démocratique tchadienne ? Deux défis de taille attendent l’opposition tchadienne, du moins la CPDC, si elle veut jouer son avenir politique. Elle doit dans un premier temps aller à la reconquête de son identité perdue. Cela passe par une plus grande affirmation au sein du gouvernement.


Secundo, l’opposition aurait beaucoup à gagner en s’investissant dans les élections locales. Pour cela, il lui faudra davantage mobiliser la base et sillonner le Tchad profond pour sensibiliser aux enjeux d’un tel scrutin, assez nouveau dans notre paysage politique. Qu’est-ce que les élections locales ? Quelle est leur importance pour les populations, les régions, les communes et les populations elles-mêmes ?


Les locales ont plus d’enjeux pour les partis d’opposition. D’abord, contrairement aux autres scrutins marqués par une forte centralisation des procès-verbaux à N’Djaména, avec toutes les lourdeurs, il y a la possibilité de minimiser les risques de fraude. Les candidats étant issus de milieu où ils vivent, tout le monde se connaît et ce ne sera pas facile de ’’parachuter’’ des candidats comme ce fut le cas pour les précédentes législatives. Certains députés n’ont jamais battu campagne mais au finish, ont été quand même imposés dans certaines circonscriptions électorales de la capitale ainsi que des provinces.


Chefs politiques sans fiefs


L’autre challenge est la quête des assises. Très peu de leaders politiques tchadiens disposent de fiefs, hormis quelques opposants dont l’image est intimement liée à des bastions précis. Or, dans bien de démocraties, la plupart des chefs de partis politiques ont généralement un mandat électif. En outre, le fait d’avoir un mandat local constitue un tremplin pour des ambitions plus nationales. Au-delà des " garde-fous " que semble poser la CENI, ne serait-il pas prétentieux à l’heure actuelle pour l’opposition tchadienne d’espérer remporter la présidentielle ? Le MPS et ses alliés sont bien partis pour reconduire Idriss Déby Itno à la tête du pays pour un quatrième quinquennat. Déjà, le chef de l’Etat ne rate aucune occasion, d’aller en précampagne.


Les quatre représentants de la CPDC doivent déjà songer à l’heure du bilan de leur parcours. Quels comptes vont-ils rendre à leur base ? On se rappelle les propos de l’actuel ministre de la Communication, alors secrétaire général du MPS sur les ondes de FM Liberté par rapport à un opposant : " Nous avons géré ensemble. Si responsabilité il y a, elle doit être partagée ". Dans le même sens, le président Idriss Déby Itno, lors d’un meeting à la place de l’indépendance fustigeait l’absence de la CPDC en ces termes : "Je vous ai tous utilisés !" A bon entendeur…


Frédéric Mbaidedji Ndjénodji

Source: http://www.cefod.org/

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