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Tchad, Berceau De L'humanité

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 16:15

 

101501_1.jpgFort de son prix du jury cannois, Mahamat-Saleh Haroun s'apprête à fêter son trophée au Tchad et à Bordeaux, où il a longtemps vécu. Il n'est pas près d'oublier ce festival 2010. Pas plus qu'il n'oubliera ce dimanche 16 mai, où « L'Homme qui crie » était projeté à 22 heures, récoltant une ovation au final. « J'étais tellement content de cet accueil, dit Mahamat-Saleh Haroun, que je me disais : c'est déjà ça. Et je suis rentré à Paris. Quand on m'a appelé pour me prévenir que je devais revenir à Cannes, c'était incroyable… »

 

 

 

 

 

 Pour en arriver là, il aura fallu de la constance, de la ténacité et quelques angoisses. Tourné au Tchad dans des conditions difficiles parce que la guerre entre forces gouvernementales et rebelles mine le pays, « parce qu'il n'y a pas grand-chose, pas d'eau, pas toujours d'électricité, sans parler de la peur au ventre », cet « Homme qui crie » n'a pas été de tout repos. Un petit budget de 2 millions d'euros, cinq semaines de tournage et « c'est peut-être cette peur qui nous a fait terminer avec deux jours d'avance », plaisante à moitié Haroun. Il tournait en 35 mm mais sans rush, sans retour. « Je ne savais pas ce que je filmais, mais ma monteuse, Marie-Hélène Dozo, qui est aussi celle des frères Dardenne, m'a toujours rassuré. Elle a toujours cru au film, même quand moi-même je doutais… »

 

 

 

 

Cadeau des dieux

 

Et puis Thierry Frémaux, le délégué du festival, l'a appelé pour lui dire qu'il retenait « L'Homme qui crie » pour Cannes, sans savoir encore dans quelle sélection. « Je n'ai pas dormi pendant quatre nuits, dit Haroun. J'avais tellement envie que le film soit pris en compétition officielle pour représenter l'Afrique… »

 

  

 

On connaît la suite. Une aventure difficile qui se transforme en cadeau des dieux. « C'est un bon prix, le prix du jury », poursuit Haroun, qui sait la fragilité de son film et l'explique simplement : « J'étais entouré d'une équipe qui ne comprenait pas ce que je faisais. Godard a beau dire qu'il faut tourner contre ses techniciens, je doutais constamment. » L'histoire de ce père qui a été champion de natation et qui surveille la piscine d'un grand hôtel de N'Djamena, avant d'être rétrogradé parce que son fils, plus jeune, a été préféré par la direction, est une nouvelle façon pour le cinéaste d'évoquer la difficulté des héritages dans un pays sans avenir, perpétuellement menacé. Encore fallait-il capter ce vacillement, cette douloureuse perte de soi, ce désespoir intérieur, presque doux à force d'être porté au plus profond de son âme.

 

 

« African fiasco »

 

Désormais, Mahamat-Saleh Haroun a dissipé ses doutes. Momentanément, car il n'est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Il a un nouveau projet, « African fiasco », et un peu de temps pour savourer cette reconnaissance qui profite à toute l'Afrique. « Ce qui est formidable, c'est la façon dont l'Afrique entière fête l'événement. Au Tchad, la télé parle de mon prix comme si on avait gagné la Coupe du monde ! » Il ira au Tchad dans la semaine embrasser sa famille, puis à Bordeaux, où sont restés beaucoup de ses amis. Quant à « L'Homme qui crie », dont la sortie en France se fera mi-septembre, il voudrait le présenter à N'Djamena, au Normandie, un cinéma en cours de rénovation. Pour que l'Afrique, enfin, se voie en grand.

 

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