LAGOS (AFP) Le principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria a annoncé jeudi l'enlèvement
de quinze étrangers par un mouvement "affilié" et revendiqué une attaque contre des bases militaires, au lendemain de sa nouvelle mise en garde aux pétroliers contre un "ouragan" de violence.
Dans un communiqué, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) a annoncé qu'un "groupe affilié" avait capturé mercredi 15 membres étrangers de l'équipage d'un navire, le MS Spirit,
dans le région, où sont présentes de nombreuses compagnies pétrolières internationales. Il n'identifie pas ce groupe et ne précise pas l'identité des victimes.
Un porte-parole de la force conjointe police-armée (JTF) qui opère dans le delta du Niger, le colonel Rabe Abubakar, a confirmé à l'AFP que l'ensemble de l'équipage d'un navire avait été pris en
otage sans préciser le nom du bateau, le nombre de victimes ou leur nationalité. Le Mend avait auparavant affirmé, dans un précédent communiqué, avoir détruit dans la nuit de mercredi à jeudi
"cinq bateaux armés et plusieurs navires de soutien" appartenant à la JTF. Mais le porte-parole de la force conjointe a démenti l'offensive contre ses positions, qualifiant les affirmations du
Mend de "propagande". "Il n'y a pas eu d'attaque, ni d'affrontements à 02H00 du matin comme cela est prétendu, pas plus que de destruction de nos navires armés", a assuré le colonel
Abubakar.
Revendiquant régulièrement depuis trois ans attaques, sabotages et enlèvements, le Mend affirme mener un combat au nom des populations locales du delta et en faveur d'une meilleure répartition
des bénéfices tirés de l'exploitation des hydrocarbures. Mercredi, il avait donné 24 heures aux groupes pétroliers pour "évacuer toutes les installations pétrolières dans le delta du Niger avant
l'arrivée imminente d'un ouragan". Jeudi, le Mend a réitéré son ultimatum, mais a repoussé son échéance à samedi. "Prenant en compte les appels de certaines compagnies pétrolières, nous
prolongeons de 48 heures notre date limite de départ afin de permettre l'évacuation complète de personnel", a indiqué le groupe armé. "A compter de 00H00 samedi 16 mai, l'ensemble de la région du
delta du Niger sera déclarée zone de non-survol pour les hélicoptères et les avions opérant pour les compagnies pétrolières".
Un porte-parole du géant anglo-néerlandais Shell, Precious Okolobo, joint par l'AFP, a refusé jeudi matin d'indiquer si la compagnie pétrolière allait prendre des mesures suite à ces menaces. La
plupart des majors ont déjà réduit au minimum leur personnel dans le delta en raison des violences récurrentes depuis 2006. M. Okolobo a également refusé de confirmer si des combats avaient
effectivement eu lieu dans la nuit. A la mi-septembre 2008, le Mend avait déjà déclenché une opération "ouragan Barbarossa" dans le but déclaré d'anéantir la production pétrolière du pays. A la
fin du mois, il avait ensuite annoncé un cessez-le-feu unilatéral.
Mais le 30 janvier, il avait déclaré la fin de sa trêve, promettant encore un "ouragan" et menaçant de mener un "assaut de grande envergure". L'annonce n'avait cependant pas été suivie d'une
hausse notable de ses attaques. Les violences qui secouent le delta du Niger ont fait chuter la production de pétrole du pays à environ 1,78 million de barils par jour actuellement contre 2,6
millions en 2006.