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Tchad, Berceau De L'humanité

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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 09:58

Dans les années 1980, un canal long de 2.600 km en provenance de la République démocratique du Congo avait été évoqué pour sauver le lac Tchad de l'assèchement. Un nouveau partenaire chinois a relancé l'idée... ainsi que la polémique.

Comment sauver la région du Lac Tchad, situé à la fois sur le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad ? Une conférence organisée par le gouvernement nigérien et l'Unesco s'est tenue à Abuja (capitale du Nigeria) du 26 au 28 février 2018. L'objectif : préserver cette région dévastée par le changement climatique et les conflits géopolitiques. Et, peut-être, éviter la disparition du lac, qui a vu disparaître 90% de sa surface en 40 ans à cause du réchauffement climatique et d'une mauvaise gestion des ressources hydriques. Transaqua, un mégaprojet controversé imaginé dans les années 80 et consistant à réalimenter en eau l'immense oasis asséchée à l'aide d'un canal long de 2.600km, a refait surface à cette occasion. C'est une entreprise chinoise qui serait chargée de la construction, si elle devait avoir lieu.

Un financement de 6,5 milliards de dollars des Nations Unies

Les Nations Unies se sont engagées à financer des programmes de recherche et de conservation à hauteur de 6,5 millions de dollars (5,3 millions d'euros) pour apporter de l'aide aux 40 millions de personnes qui dépendent de ce lac, au carrefour entre le Sahel et l'Afrique centrale. Au fur et à mesure de la disparition du lac et du manque de nourriture que cela entraîne, la région est devenue le foyer des nombreuses crises sécuritaires, notamment celle entretenue par le groupe jihadiste nigérian Boko Haram.

INSTABILITÉ ALIMENTAIRE. Petits agriculteurs et pêcheurs ont rapidement rejoint les rangs des combattants ou des milices qui s'opposent au groupe, faisant de ce conflit un des plus meurtriers au monde en quelques années. Les Nations Unies estiment que l'instabilité sécuritaire et alimentaire, a forcé 2 millions de personnes à quitter leur foyer et 10,7 millions dépendent de l'aide alimentaire pour survivre. Les quelques 40 millions de personnes vivant autour et sur le lac sont parmi les plus pauvres au monde.

Une étude de faisabilité a été commandée à un groupe chinois

Eviter la disparition du Lac Tchad : l'urgence est bien réelle, et pour y faire face, les experts réunis à son chevet ont exhumé Transaqua, un mégaprojet imaginé dans les années 80 et controversé, qui consiste à remplir l'immense oasis asséchée. L'idée, particulièrement ambitieuse, consiste à creuser un canal de 2.600 km depuis la République démocratique du Congo, puis à travers la Centrafrique, jusqu'au lac d'eau douce.

CHINE. Le projet Transaqua, imaginé dès 1982 par le cabinet d'ingénierie et de conseil italien Bonifica, implique d'immense défis techniques et financiers, et n'a pour ces raisons jamais vu le jour. Mais l'arrivée d'un partenaire chinois, la Power Construction Corporation of China (PowerChina), qui a signé un accord en 2017 avec la société à l'origine du projet, a récemment relancé les espoirs et les critiques autour du projet. Peu d'informations ont filtré sur l'accord qui lie aujourd'hui le cabinet italien au géant PowerChina, hormis que ce dernier a été chargé de conduire une étude de faisabilité.

Un canal transportant les eaux congolaises vers le lac serait "inacceptable"

Pour ses partisans, Transaqua est le seul moyen de faire face à l'actuelle crise humanitaire et environnementale. "Le transfert d'eau entre les différents bassins hydrographiques n'est pas une option mais une nécessité", a déclaré Sanusi Abdullahi, secrétaire exécutif de la Commission du bassin du lac Tchad, qui supervise l'utilisation de l'eau et des ressources naturelles. "Nous sommes confrontés à la possibilité que le lac Tchad disparaisse et ce serait catastrophique pour l'ensemble du continent africain".

GUERRE DE L'EAU. Mais le projet, qui selon une estimation pourrait coûter jusqu'à 14 milliards de dollars (11,5 milliards d'euros), suscite de fortes résistances à Kinshasa. La transfert des eaux congolaises vers le lac Tchad est "inacceptable", a réagi au téléphone le sénateur d'un parti d'opposition, Modeste Mutinga, auteur du livre La guerre de l'eau à la porte de la RDC. Cela reviendrait à "perturber le débit du fleuve Congo avec des conséquences sur les écosystèmes en RDC", a-t-il expliqué à l'AFP. "On ne doit pas chercher à résoudre un problème dans un coin et en créer ici en RDC". Même réaction chez le député de la majorité Bavon N'Sa Mputu Elima, ex-ministre de l'Environnement, pour qui "il faut résoudre les problèmes au niveau du bassin du lac Tchad : l'usage abusif de l'eau par des éleveurs tchadiens, accroitre l'hydraulicité des rivières qui alimentent ce lac en eau par l'entretien des berges".

Un défi géopolitique d'une ampleur décourageante

Les défis techniques et sécuritaires qu'implique un projet comme Transaqua sont également décourageants. Le gigantesque canal devrait traverser plusieurs pays à la géographie changeante et empêtrés dans une instabilité politique chronique. Outre les combattants de Boko Haram établis autour du lac Tchad, la Centrafrique, notamment, est dévastée par des années de guerre et les exactions des groupes armés qui contrôlent de vastes régions. Et même si le temps presse à l'allure où les eaux du lac disparaissent, Ziping Huang, de PowerChina, reconnait que lancer un tel projet avec la situation sécuritaire qui prévaut aujourd'hui dans la région est "au-delà de l'imagination de notre compagnie".

COOPÉRATION. Enfin, dernière difficulté : faire coopérer les quatre pays riverains du lac. "Ces pays doivent coopérer s'ils veulent faire face à ces risques transnationaux, il n'y a tout simplement pas d'autre moyen de le faire", souligne Florian Krampe, du programme sur le changement climatique et les risques de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. "La question est, les institutions sont-elles prêtes ?"

S.S. avec AFP

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