Depuis le lancement de la Stratégie Intérimaire en juin 2010, le portefeuille de la Banque mondiale au Tchad a très vite repris son ascension, après une courte période de léthargie observée à la
réouverture du bureau en janvier 2009. A travers ce nouveau cadre des opérations, qui va durer de juin 2010 à juin 2012, la mise en oeuvre du portefeuille a rapidement atteint son niveau initial
avant la fermeture.
L'atteinte des résultats et surtout l'évidence de l'impact des projets sur la population bénéficiaire ont été les soucis permanents ayant guidé toute l'équipe de la Banque mondiale opérant sur le
terrain. Concrètement, le portefeuille actuel de la Banque mondiale au Tchad se compose de huit projets dont quatre nationaux, trois régionaux et un Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM). Il
présente un total de 220,8 millions de dollars américains sous forme d'engagement.
Les opérations en cours portent sur les secteurs suivants : l'éducation, la santé, le développement urbain, le développement communautaire et local, la, gestion des finances publiques, le
transport, les télécommunications, et l'environnement. Cependant, bien que timide le portefeuille de la Banque mondiale n'en demeure pas moins dynamique et évolutif. Depuis le lancement de la
Stratégie Intérimaire, plusieurs projets ont déjà été restructurés et reconduits ; tandis que d'autres sont en cours d'élaboration.
Tendance à l'extension et à l'efficacité dans la mise en oeuvre
Le deuxième Projet Population et Lutte contre le Sida (PPLS2) a pu ainsi bénéficier du financement additionnel de 20 millions de dollars en août 2010. La Banque mondiale s'est donc proposé
d'appuyer le gouvernement dans ses efforts d'amélioration des indicateurs de santé génésique et de ralentissement du taux de nouvelles infections au VIH. Ce financement supplémentaire élargira
une approche intégrée et décentralisée au VIH/SIDA et aux services de santé maternelle et infantile, mise en place sous le PPLS2 depuis 2002, dans dix districts sanitaires de cinq régions, en
plus de la capitale, N'Djamena.
Elle mettra également en place une approche de financement basée sur les résultats pour améliorer les résultats liés à la santé maternelle et infantile. Cette approche est proposée à l'essai dans
quatre régions. Dans le cadre de l'extension du même projet, la Banque mondiale a financé à hauteur de 3,5 millions de dollars américains, une troisième Enquête sur la Consommation des ménages au
Tchad (ECOSIT3). Cette dernière fait suite à l'enquête des ménages de 2003 (ECOSIT2), qui fournit une ligne de base pour les niveaux de pauvreté au Tchad avant l'apparition des revenus
pétroliers. L'ECOSIT3 quant à elle fournira des données actualisées et fiables sur la pauvreté au Tchad, mettra en évidence l'évolution des indicateurs de pauvreté depuis le début des revenus
pétroliers, et permettra l'évaluation et l'analyse de l'impact des revenus pétroliers et des investissements réalisés dans les secteurs de réduction de la pauvreté au Tchad. L'élaboration et la
mise en oeuvre de l'ECOSIT3 sont faites en partenariat avec l'Institut national de la statistique, des études économiques et démographiques (INSEED) dans le but de renforcer les capacités
nationales pour entreprendre des enquêtes, recueillir et analyser des données statistiques.
La même intention de la Banque mondiale s'est matérialisée par l'accord donné le 18 mars 2011 par son Conseil d'administration pour le financement de la phase II du PROADEL qui prendra fin le 30
juin 2015. Le coût global de ce projet est estimé à 77,25 millions de dollars dont 50 millions (gouvernement tchadien) ; 25 millions (IDA) et 2,25 millions (communautés locales).
La parfaite illustration de ce dynamisme concerne le Projet d'Appui au Développement Urbain (PADUR) qui vient d'obtenir le 7 juin 2011 un financement additionnel de 27 millions de dollars issu
des fonds restants de l'ancien Projet d'urgence pour l'électricité et l'eau. Ce montant complète le financement de 15 millions de dollars actuellement en cours pour appuyer le secteur urbain au
Tchad. Ce projet met l'accent sur la réalisation d'urgents investissements dans la production d'eau et les installations de distribution visant à accroître l'accès à l'approvisionnement en eau
dans les grands centres urbains au Tchad (Abéché, Doba, Moundou, N'Djamena et Sarh). Elle comprend également un soutien visant à régler les questions structurelles de la nouvelle Société
Tchadienne des Eaux (STE) et ses performances techniques.
Au titre de projets en instance d'extension, la Phase 1B du Programme régional de réseaux de télécommunication haut débit en Afrique centrale (CAB) devrait être adoptée bientôt. D'un montant de
38 millions de dollars américains, le volet tchadien de ce programme vise à fournir une connectivité à large bande à toutes les capitales et villes secondaires du Tchad et de 10 autres pays de
l'Afrique centrale. La phase 1a du programme CAB comprenait le Cameroun, la RCA et le Tchad et a été approuvée par le Conseil en septembre 2009. La phase 1B ne concerne que le Tchad et la
RCA.
De même, la Banque mondiale a appuyé le Programme de facilitation du commerce et des transports au sein de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Le projet a été
approuvé par les chefs d'États de la CEMAC en 2006 et est soutenu par IDA concernant la facilitation du transit et des transports dans la sous-région à hauteur de 201 millions de dollars, dont 30
millions pour le Tchad. Le projet vise à améliorer les infrastructures routières et ferroviaires de Douala (Cameroun) à N'Djamena (Tchad) et Bangui (RCA). Les réformes douanières au niveau
national et le renforcement des capacités sont financées par l'Union Européenne et la Banque Africaine Développement.
Quant au Projet d'Appui à la Réforme du Secteur de l'Education au Tchad, il a été restructuré dans son fonctionnement afin de mieux soutenir les travaux entrepris par le gouvernement et de
répondre aux besoins et réalités sur le terrain. Le projet restructuré se concentrera sur les problèmes d'accès et d'équité et la faible capacité dans la gestion du système éducatif.
Dans le domaine de la gestion des finances publiques, l'intervention de la Banque mondiale au Tchad s'est réalisée à travers le Projet d'Appui au Renforcement des Capacités en Matière de Gestion
des Finances Publiques au Tchad (PARCAFIP). Son objectif est d'aider le gouvernement du Tchad à améliorer l'utilisation efficace et transparente des ressources publiques, à travers le
renforcement du système de gestion des finances publiques. L'appui de l'IDA d'un montant de 10 million de dollars est envisagé dans le cadre du Programme de réforme de la gestion des finances
publiques (PAMFIP) du gouvernement et financé par le budget national (20 millions de dollars américains) et les autres principaux partenaires (19 millions de dollars américains) notamment la
Banque africaine de développement, l'Union Européenne et la France.
La bonne nouvelle agricole
Cependant l'une des bonnes nouvelles à mettre dans le portefeuille du Tchad c'est le retour de la Banque dans le secteur agricole. Les premiers jalons de ce réengagement sont déjà posés dans la
première année de la Stratégie Intérimaire à travers la mobilisation de 222,000 dollars conjointement avec l'Agence Française de Développement (AFD), qui ont permis d'entreprendre des travaux
d'analyses sectorielles actualisées. Ces travaux serviront de base analytique pour un futur engagement de la Banque dans le secteur. Déjà un projet sur l'agriculture est en cours de préparation.
Le processus sera coordonné avec les travaux d'autres bailleurs, à savoir AFD. De même, les travaux se conformeront aux efforts propres de l'Etat dans le secteur, à savoir le Programme national
pour la sécurité alimentaire (PNSA), et les appuieront.
Des résultats probants malgré les difficultés
En termes de résultats, les statistiques bien que non exhaustives, n'en demeurent pas moins éloquentes quant à leur impact sur la population bénéficiaire dans des secteurs clés comme la santé,
l'éducation et le développement rural.
Dans le domaine de l'éducation, les résultats se traduisent par : 400 salles de classes construites et équipées ; 2 606 300 livres scolaires obtenus et distribués aux écoles ; 20 000 personnes
ont été alphabétisées dont 60% des femmes ; 11 700 maîtres communautaires de niveau 1 et 2 formés ; la construction d'un nouveau centre national pour le développement du programme d'études. De
manière générale, le projet a contribué à faire progresser les chiffres en augmentant le taux brut de scolarisation de 87, 58% dont 69,35% des filles en 2003/2004 à 95,6% dont 78,8% des filles en
2007/2008. En ce qui concerne le développement communautaire et local.
En santé : Une approche d'équipe mobile a été initiée en 2007 dans le Mayo Kebbi Ouest, une région avec des indicateurs en santé génésique les plus faibles dans le pays. Deux équipes mobiles ont
été mises en place pour fournir un paquet complet des services de la santé infantile et reproductrice dans 40 emplacements (situés dans deux centres médico-sociaux existants et dans les villages
sans accès aux centres médico-sociaux) pour 120.000 habitants de 103 villages dans un rayon de 5 kilomètres des emplacements d'intervention. Ceci se traduit par la couverture de 80% de la
population. En termes de résultats comparés aux chiffres de 2006, cette approche a été un réel succès. En effet, les consultations prénatales ont augmenté de 276%, les services médicaux assistés
par le personnel qualifié ont connu une hausse de 132%, et le nombre d'enfants âgés de 0 à11 ans vaccinés a augmenté de 188%, tandis que chez les femmes, le taux de vaccination a augmenté de
266%.
Cependant, le portefeuille du Tchad évolue encore dans un environnement difficile qui tend à limiter les résultats. Les conclusions des récentes revues annuelles du portefeuille organisées, en
vue d'améliorer la mise en oeuvre des projets, convergent quant aux obstacles réels entachant l'impact des projets sur la population bénéficiaire. L'insuffisance de la supervision sur le terrain,
les limites du suivi-évaluation, les niveaux élevés de rotation dans les ministères et dans les unités de mise en oeuvre, les insuffisances dans la gestion financière et les procédures de
passation de marché sont autant de manquements qui jouent négativement sur les résultats des projets sur le terrain. Il s'agit donc d'un grand défi à relever. L'impact du portefeuille de la
Banque mondiale au Tchad est à ce prix.
(*) Cet article est extrait du magazine « Partenariat », une publication du Bureau régional de la Banque mondiale en charge du Tchad, du Mali, et du Niger.