La scène macabre
s’est déroulée en plein jour au marché central de Sarh, une région du Sud située à plus de 400 km de N’Djaména, le 29 juin 2009. Les populations de Sarh sont encore sous le choc. Ce jour-là, aux
environs de 10 heures, une femme défigurée, le corps couvert de plaies béantes, gît dans une mare de sang. La scène est insoutenable. Les populations sont horrifiées. Les femmes crient à
tue-tête. Personne ne comprend ce qui s’est passé. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer un tel élan de sauvagerie ?
La vérité est tout simplement effroyable. La victime, Diguim Nadjirom, 34 ans, fille d’un pasteur, se prépare pour son voyage à destination de Bangui (Centrafrique). Elle entend y écouler des
marchandises dans ce pays voisin. Entreprise à laquelle son compagnon, Idriss Hissein, 40 ans, de profession inconnue, n’adhère pas. Alors qu’elle est en train de faire charger ses bagages dans
le camion, Idriss l’invite à un entretien avant son départ. Des témoins qui les ont croisés, affirment que l’homme dansait et sifflotait. Le couple s’engouffre dans un couloir du marché. La femme
ne se doute de rien. Quelques mètres plus loin, son compagnon sort brutalement un couteau de son pantalon, et frappe violemment à plusieurs reprises la femme avec qui il a eu un garçon âgé
actuellement de 5 ans. Les enquêteurs ont dénombré 19 blessures toutes profondes. En quelques minutes, Diguim Nadjirom se vide de son sang. On tente de l’évacuer dans un dispensaire. Mais la
pauvre rend l’âme quelque temps après.
Après son forfait, Idriss tente de prendre la fuite. Mais un passant l’en empêche. Il est immobilisé et conduit à la maison d’arrêt de Sahr où il médite sur son sort en attendant son jugement.
Interrogé sur les raisons qui l’ont conduit au crime, l’homme répond sec : "Elle voulait me quitter".
Les témoins n’en reviennent toujours pas. Ils ont vu Idriss qui vivait avec la victime depuis 7 ans dans la concession de ses beaux-parents, l’accompagner à la gare. Personne ne pouvait alors
imaginer une issue tragique. Apparemment, le criminel avait prémédité son coup. Son témoignage dans une radio locale est sans ambigüité : "J’ai eu l’idée d’éliminer ma femme trois semaines plus
tôt. Quand elle voulait voyager le 29 juin, j’avais choisi un lieu avant de l’exécuter, mais elle n’a pas voulu me suivre rapidement. Au marché, il y avait un lieu. La présence de nombreuses
personnes m’a empêché d’agir. Mais quand l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité. Si je la loupais ce jour, je l’aurais suivie partout". L’homme est imperturbable. Les témoins qui ont
assisté à sa déclaration parlent d’un homme calme et visiblement soulagé d’avoir atteint son but.
Aujourd’hui, le fils unique du couple, est condamné à la pire des conditions : vivre toute une vie, privée de l’affection d’une mère. Celle-ci a été inhumée le 30 juin 2009.
Victoria Rémadji
Source: http://www.lavoixdutchad.com/