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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 14:30
L’électrification de la ville de Bébédjia obéit-elle à la seule logique politique ou répond-elle à un besoin effectivement ressenti par une population en mesure de se procurer cette source d’énergie ? En attendant, elle semble hors de portée pour beaucoup de ménages de la ville.

 

Mercredi 29 juin 2011. 14 h 05. Nous faisons notre entrée à Bébédjia, en provenance de Doba. Quelque chose nous tique. Tous les lampadaires bordant la principale voie bitumée sont éclairés. "J’aimerais vivre ici à Bébédjia ; ils ont tellement de l’énergie qu’ils la gaspillent même en plein jour", ironise une passagère assise à côté de moi. Nous finirons par savoir qu’elle est une N’Djaménoise, en séjour dans la région. "Nous sommes obligés d’allumer l’éclairage public en plein jour, tout simplement, parce que nous n’avons pas la charge. Il faut augmenter la charge requise, sinon en deçà, le risque d’encastrement des machines est élevé", justifie, à propos, un technicien de la centrale. Selon les données figurant sur la fiche signalétique d’un générateur, la capacité de la machine est de 700 KVA avec une puissance de 400 KWh. Ce qui requiert, d’après les techniciens, que la consommation doit être comprise dans la fourchette de 350 à 400 KWh, pour une consommation optimale. "Or, le plafond de la consommation oscille entre 100 et 150, avec pour pic 176 KWh. Nous atteignons à peine le 1/3 de la puissance du groupe. Nous tournons à vide", se plaint un autre technicien.

 

Une population majoritairement très pauvre

Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation. Selon certains analystes, dès la phase d’élaboration du projet de la centrale électrique, une bonne étude de faisabilité n’avait pas été menée. La difficulté majeure réside dans la couverture du réseau. Pour une population estimée à 40 000 habitants, seulement 150 abonnés sont raccordés au réseau. Selon plusieurs sources, lors de la phase d’installation, c’est au quartier Bédaninga, un vieux quartier pauvre, que sont concentrés les poteaux électriques. A l’inverse, de nouveaux quartiers, à l’exemple de Lel-Oulem et Mbomian (2km), habités majoritairement par les travailleurs d’Esso, ne sont pas couverts par le réseau. "Et pourtant les salariés d’ESSO ont des revenus réguliers et consistants. Malheureusement, nous ne pouvons pas avoir l’électricité", se plaint un vigile d’une compagnie privée de sécurité. "Il faut faire des extensions vers des quartiers où réside la classe moyenne. Ceci permettrait de mieux rentabiliser les investissements, d’augmenter la charge du groupe et par ailleurs, de nous prendre en charge", propose un membre du comité de gestion de la centrale.

 

Des coûts d’installation prohibitifs

Il y a beaucoup de demandeurs, malheureusement ceux-ci habitent loin du réseau. Du coup, tirer une ligne sur une longue distance rend prohibitif pour eux le coût de l’électricité. A titre illustratif, sur 300 mètres, il faut planter au minimum cinq poteaux métalliques. Or, un seul poteau coûte environ 70 000 FCFA. En plus, il faut un câble de raccordement, dont le mètre coûte 2 500 FCFA ou 1 500 FCFA, selon que c’est un branchement triphasé ou monophasé. Ainsi, à défaut de souscrire un abonnement en bonne et due forme, la tendance est de "prendre l’électricité chez le voisin", renseigne un commerçant. De ce fait, quand on sillonne les quartiers Béman, Bédia, etc., on se rend compte de l’anarchie qui règne. Telles des lianes, il y a partout des branchements tous azimuts, au mépris des normes sécuritaires requises : sur les toits de chaume, dans les feuillages des manguiers, etc. "Il n’est pas rare de voir des étincelles au-dessus de soi, lorsqu’il y a des courts-circuits", fait observer un habitant. "A cause de ces branchements parallèles, pour limiter les risques de court-circuit, quand il y a un grand vent ou une forte pluie, on est obligé de faire un délestage", informe un technicien.

 

Le comité de gestion a demandé à ESSO de lui donner quelques poteaux et câbles pour poursuivre l’extension du réseau, malheureusement, cette demande est restée lettre morte. "C’est bien fait pour eux", s’emporte un enseignant qui n’a toujours pas pu avoir un branchement. Pour ce dernier, le projet a prévu 400 poteaux électriques, de quoi couvrir toute la ville de Bébédjia, mais seulement quelque 200 ont été utilisés. Une partie aurait été envoyée pour l’électrification de la ville de Goré et une autre, vendue à des particuliers. Information non confirmée par le secrétaire général du département de la Nya, M. Kobé Alexis, assurant l’intérim du président du comité de gestion de la centrale, en l’occurrence le maire de la ville. "Il semble que certains poteaux de Bébédjia ont été déployés dans d’autres localités, mais c’est à vérifier entre la société qui a fait les installations et le Comité provisoire de gestion des 5% des revenus pétroliers alloués à la région productrice. Tout ce que nous savons, c’est que le réseau de Bébédjia couvre 15 km et c’est chose faite", relative-t-il.

 

Des bâtiments publics encore non alimentés

Par ailleurs, la préfecture, la mairie, la brigade de la gendarmerie, l’Institut tchadien de recherche agricole et de développement (ITRAD), l’hôpital, sont parmi les rares édifices publics à être branchés sur le réseau. Cependant, de nombreux bâtiments, à l’instar du Centre de formation continue, de l’inspection départementale de l’éducation nationale, des établissements scolaires, du commissariat central, du service d’alphabétisation, etc., sont privés du précieux jus. "La ronéo dont nous disposons nous aurait permis de multiplier les documents pédagogiques pour les enfants, malheureusement nous n’avons pas d’électricité", se plaint un cadre du Centre de formation continue, non loin du commissariat. Le secrétaire général du département de la Nya, précise que "la société a électrifié un certain nombre de bâtiments des services déconcentrés, mais c’est au comité de gestion de la centrale de prendre la relève". Une relève qui s’annonce très laborieuse !

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