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Tchad, Berceau De L'humanité

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 10:00

785959-13396463-317-238.jpgDepuis le Tchad, où il est actuellement en mission pour construire un centre de formation national, Japhet N'Doram porte un regard amer que ce qu'est devenu le FCN. Entretien avec un nostalgique des années Suaudeau et Denoueix. A 45 ans, Le Sorcier de la Beaujoire n'a rien oublié de ses années nantaises. Japhet N'Doram a "le FC Nantes dans le sang". Le maillot jaune et vert, le Tchadien l'a porté durant sept saisons, de 1990 à 1997. Une période glorieuse pour les Canaris, auréolée d'un titre de champions de France en 1995. A l'époque, "le jeu à la nantaise" forçait l'admiration. Et le FCN "avait de l'avance sur la concurrence". Aujourd'hui, le club se traîne en Ligue 2. N'Doram, qui a co-entraîné les Canaris durant quelques mois, en 2007, "le vit très mal". Sa voix est posée, mais son discours est incisif. A l'écouter, le FCN paie "dix années d'errance", durant lesquelles il a "perdu ses valeurs". "Pour réveiller les consciences", l'ancien numéro 10 des Canaris a choisi de s'associer au projet d'A La Nantaise, qui défend l'idée d'un actionnariat populaire. Et d'un retour aux sources.

 

JAPHET N'DORAM, le FC Nantes a-t-il vraiment changé depuis votre époque ?
J. N. : Enormément. Quand je suis arrivé, dans les années 1990, j'ai pu me fondre rapidement dans ce club. Il régnait une ambiance familiale, très attachante. Depuis une dizaine d'années, ces valeurs sont bafouées. Le club a perdu son identité. C'est essentiellement dû à un manque de stabilité. Avant, les joueurs s'intégraient dans un projet à long terme. Ils étaient au service de la collectivité. Aujourd'hui, les joueurs ne sont que de passage. Au lieu de défendre ces valeurs de solidarité, des gens sont arrivés à la tête du club pour défendre leurs intérêts personnels. Il y a eu une guerre interne entre les historiques, ceux qui étaient déjà en place, et les nouveaux propriétaires. Ça a fait beaucoup de dégâts. Ensuite, il a manqué des personnalités fortes pour maintenir le modèle nantais en vie.

 

Comme Jean-Claude Suaudeau...
J.N. : Après le titre de 1995, il voulait emmener son équipe le plus haut possible au niveau international. Mais il a jeté l'éponge deux ans plus tard, parce qu'il avait l'impression de travailler dans le vide. Chaque saison, c'était un éternel recommencement : le club vendait ses meilleurs joueurs, ceux que Suaudeau avaient formés et façonnés pour son projet de jeu. La logique, c'était d'assurer la pérennité financière du FC Nantes. Cette stratégie s'est fait au détriment des résultats sportifs et de l'identité du club. Aujourd'hui, on vit dans l'excès du foot business. Les gens croient que sous prétexte qu'ils ont de l'argent, ils peuvent prendre le pouvoir technique. Choisir l'équipe et la tactique à la place de l'entraîneur. Non, ça ne peut pas se passer comme ça. Suaudeau et Denoueix, il fallait les laisser travailler.

 

Il y a dix ans, le FCN décrochait son huitième titre de champion de France. Ce titre a-t-il été un cache-misère ?
J.N. : Certainement. Le mal était déjà profond. Le vrai virage, ce sont les départs successifs de Jean-Claude Suaudeau et de Raynald Denoueix (limogé quelques mois après le titre de 2001). Eux étaient les vrais garants de l'identité du club. Mais on a cherché à saboter leur travail.

 

Le fameux jeu à la nantaise, c'est du passé ?
J.N. : Il n'existe plus. Ce n'est que la concrétisation de ce qui se passe depuis des années en coulisses. Pour que le jeu collectif puisse bien s'exprimer, il faut une symbiose entre les personnes, à l'intérieur du club. Ce n'est plus le cas, et ça s'est ressenti sur le terrain. Quand l'individualisme prend le pas sur l'équipe, comment voulez-vous prôner un jeu basé sur le collectif ?

 

On dit aussi que le FCN ne s'appuie plus sur son centre de formation...
J.N. : Les gens qui incarnaient ces valeurs sont partis. Et leurs successeurs n'ont pas su prendre le relais. A Nantes, on n'a pas formé énormément de grands joueurs. On formait même des joueurs moyens, mais qui savaient s'exprimer dans un collectif, qui s'épanouissaient et exploitaient tout leur potentiel dans ce collectif. C'est sans doute pour cette raison que ces joueurs moyens ont eu plus de difficultés dans d'autres clubs, où l'identité collective était moins forte.

 

Ces valeurs ne sont-elles pas désuètes ?
J.N. : Non. Dans un sport collectif, les individualités sont obligées de se mettre au service des autres. Il n'y a que comme ça qu'on peut obtenir des résultats. Il suffit de regarder ce qui se fait à Barcelone : ce club a une vraie identité et a su la préserver. A Nantes, on n'a pas été conscients de notre potentiel. On avait de l'avance sur la concurrence. Mais on l'a perdue. On ne peut pas rester effacé aussi longtemps. Nantes est un monument du football français. Mais si on ne réagit pas, il sombrera dans l'anonymat, comme Reims. Ces dix années d'errance doivent servir de leçon

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