L'armée soudanaise a annoncé avoir tué, dimanche, Khalil Ibrahim, le chef d'un des plus importants groupes rebelles de la région soudanaise du Darfour. Alors que ce groupe annonçait, il ya trois jours, qu'il marchait sur Khartoum pour renverser le régime. Ibrahim, 54 ans, dirigeait le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest du Soudan ravagée par la guerre civile.
Le mouvement des rebelles a confirmé cette information dans un communiqué annonçant que leur chef a été tué dans un raid aérien. «Je suis quasiment sûr que c'est vrai. Cela s'est
produit lors de combats avec les forces armées soudanaises (SAF)», a indiqué auparavant une source proche du groupe. Le gouverneur de la province du Kordofan-Nord évoquait à la
télévision des voitures en feu après les affrontements qui auraient fait une trentaine de morts parmi les rebelles.
Vendredi dernier, le porte-parole de l'armée, Sawarmi Khaled Saad, avait attribué aux forces de Khalil Ibrahim une attaque contre des civils dans cette région où ils auraient également pillé les
propriétés de chefs locaux.
Leur objectif: faire tomber le régime du président Omar el-Béchir
Gibril Adam Bilal, un porte-parole du JEM, affirmait jeudi que les rebelles avaient atteint En Nahoud, à quelque 120 km à l'est du Darfour, dans l'Etat du Kordofan-Nord, et continuaient d'avancer
dans le but de faire tomber le régime du président Omar el-Béchir. Khalil Ibrahim avait soutenu le coup d'Etat du président Béchir en 1989, avant de tourner le dos au gouvernement et de fonder à la fin des années 1990 un groupe de dissidents dénonçant la «domination» des Arabes sur la vie politique et
économique. Exilé aux Pays-Bas, Khalil Ibrahim avait annoncé la formation du JEM, de tendance islamiste, dont la base est limitée à la branche Kobe des Zaghawas, groupe ethnique présent au Soudan
et au Tchad.
En 2006, le JEM a refusé de signer l'accord de paix du Darfour. Il a estimé que «les mesures sur le partage des ressources et du pouvoir ne répondaient pas de façon adéquate aux causes
profondes de la rébellion: l'inéquité structurelle entre le centre (Khartoum) et les régions périphériques comme le Darfour», selon International Crisis Group (ICG).
300 000 personnes tuées et 1,8 million de déplacées depuis 2003
Khartoum a signé en juillet un accord de paix à Doha avec une coalition de petites factions darfouries rebelles, le Mouvement de libération pour la justice (LJM). Les principaux groupes armés au
Darfour, le JEM et les deux factions de l'Armée de libération du Soudan (SLA) ne l'ont pas signé.
En mai 2008, plus de 200 personnes avaient été tuées lorsque des rebelles du JEM avaient traversé plus de 1 000 km de désert pour attaquer Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, liée à la
capitale par un pont sur le Nil. Plusieurs rebelles ont été jugés et condamnés à mort pour cette attaque. Khartoum accuse le Soudan du Sud de soutenir les rebelles nord-soudanais, ce que Juba
dément, accusant à son tour Khartoum d'armer les milices rebelles actives au sud de la frontière. Selon l'ONU, au moins 300 000 personnes ont été tuées et 1,8 million déplacées depuis le début en
2003 de la guerre au Darfour.