Sans surprise, en publiant jeudi les résultats officiels des élections législatives ivoiriennes, la commission électorale a confirmé la victoire du camp du président Alassane Ouattara. Le Rassemblement des républicains (RDR) obtient 127 des 254 sièges qui étaient concernés par le scrutin de dimanche. Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié obtient 77 voix. Mais le RDR ne devrait même pas avoir besoin de son allié pour réunir la majorité absolue. Plusieurs des 35 candidats indépendants élus députés devraient en effet rejoindre le RDR. D'après une source gouvernementale citée par l'AFP, le RDR devrait avoir au final "129 ou 130 sièges".
Ce scrutin, le premier après la victoire de Alassane Ouattara à la présidentielle, a été marqué par le boycott des partisans de Laurent Gbagbo, le président déchu, actuellement emprisonné à La Haye dans l'attente de son procès pour crimes contre l'Humanité. Pourtant, le président de la commission électorale, Youssouf Bakayoko, a souligné que la participation, à 36,56%, était "en hausse par rapport" aux législatives de 2000, les dernières à s'être tenues dans le pays. Reste que les électeurs s'étaient déplacés à plus de 80% pour l'élection présidentielle de novembre 2010.
Ouattara doit former son gouvernement
C'est après ce scrutin âprement disputé que le pays s'était retrouvé paralysé par une guerre civile, opposant les partisans de Laurent Gbagbo à ceux de Alassane Ouattara. De décembre 2010 à avril 2011, les violences opposant les deux camps ont fait environ 3.000 morts. Soutenu par la communauté internationale, Alassane Ouattara a fini par l'emporté sur Laurent Gbagbo, qui a été arrêté. L'ancien président a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI) le 29 novembre.
Les élections législatives doivent permettre au pays de tourner la page des tensions. Mais Alassane Ouattara devra faire face à plusieurs défis politiques, à commencer par la formation de son gouvernement. Le Premier ministre provisoire, Guillaume Soro, chef des ex-rebelles des Forces nouvelles, pourrait rester en place, selon une source diplomatique. Problème : le poste avait été promis aux alliés du PDCI après la présidentielle.
Autre écueil, la CPI doit enquêter sur les crimes commis par les deux camps. Et certaines figures du nouveau pouvoir ivoirien pourraient être inquiétées. Guillaume Soro avait ainsi confié sur RFI jeudi "vouloir que la justice se fasse". "Toute personne inculpée, de quelque bord que ce soit, nous prenons l'engagement de procéder à son transfèrement", avait-il affirmé. A son intervieweur qui lui demandait si cet "engagement" le concernait aussi à titre personnel, Guillaume Soro avait répondu : "Si c'est votre souhait, il n'y a pas de problème. Je ne suis pas juge, vous ne l'êtes pas non plus, laissons la justice s'établir."